Le multiplicateur keynesien

Pour justifier de l'action de l'état et de la hausse des impôts, il est courant d'invoquer Keynes, l'homme, qui a fait sortir les Etats-Unis de la crise des années trente, en conseillant à son président de financer de grands travaux publics pour relancer l'activité. La politique de relance par la dépense publique est, depuis, l'alpha et l'oméga de la politique économique de la plupart des pays développés.

Le hic, c'est que ce qui a fonctionné dans les années trente semble, depuis lors, fonctionner moins bien. En témoigne l'action de la France et celle, entre la fin des années 80 et aujourd'hui, du Japon. Malgré des dépenses énormes (accompagnées de hausses inquiétantes de l'endettement public), ces politiques semblent inopérantes. Sur quoi reposent-elles ?

L'action publique bénéfique

Tout part du multiplicateur keynesien. L'économiste anglais John Maynard Keynes, dans sa Théorie Générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la Monnaie, publiée en 1936, montre qu'en période de récession, les gouvernements ont intérêt à augmenter les dépenses publiques. Qu'elles soient productives ou improductives, elles augmenteront la dépense privée par un effet multiplicateur, ce qui engendrera un impôt suffisant pour rembourser les dépenses initiales. Cet effet multiplicateur, affirment les Keynesiens orthodoxes est de 5, calculé selon la formule suivante : 100*(1/1-0,8)=500

Pourquoi 5 ? C'est le mystère car les différents économistes qui se sont ensuite penchés sur la question sont bien loin d'arriver à de telles conclusions. Notamment ceux de l'OFCE qu'on ne peut pas soupçonner d'être de dangereux gauchistes ni des néo-libéraux à tous crins.

Divisions sur le « multiplicateur »

Leurs conclusions sont plutôt étonnantes, comme le montre ce tableau.

Evidemment, dès lors qu'il est inférieur à 1, le multiplicateur keynesien devient un « diviseur », c'est-à-dire qu'une dépense de 100 rapporte moins que l'investissement initial… C'est d'autant plus préoccupant que l'argent qui a servi à financer ces investissements ne peut provenir que de deux sources : l'impôt ou la dette. Pour l'impôt, c'est vite réglé : les un peu plus de 40 milliards de l'impôt sur le revenu ne couvrent même pas un tiers des dépenses de l'état… Il faut donc compter sur la dette. Mais un pays qui atteint 100% de dettes par rapport à son PIB (sa richesse produite) se trouve bien vite submergé par les intérêts et les remboursements à assumer. Et doit augmenter l'impôt (et donc ponctionner la croissance) pour servir sa dette. Juste le contraire de ce qui était recherché !

Démonstration par l'absurde…

Normalement, si le multiplicateur keynésien était efficace, ce seraient donc les pays ayant eu les dépenses publiques les plus élevées depuis le plus longtemps qui devraient afficher les taux de croissance les plus élevés. Ce ne semble pourtant pas être le cas.

Le multiplicateur keynésien pose en fait la question de l'efficacité de l'action de l'état : c'est un élément de débat. C'est un concept utile aux économistes dans leur modélisation de l'économie, mais ce n'est en aucun cas un instrument de politique économique. Et encore moins un argument électoral dans le débat éternel entre gauche « keynésienne » et droite néo-libérale…

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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