A quoi servent les banques centrales ?

Les banques centrales sont réellement importantes sur le marché des devises. Elles ont en charge l'approvisionnement en monnaie de leurs économies. Si elles en créent davantage que de richesses produites, elles risquent de dévaloriser cette monnaie et de créer de l'inflation. Si elles n'en créent pas assez, elles peuvent aussi asphyxier l'économie ou ralentir sa croissance.

Surveiller la création de monnaie pour irriguer l'économie n'est a priori pas une tâche très difficile. Mais le travail des banques centrales est compliqué par deux éléments. Un élément intérieur, qui est la vitesse de circulation de leur monnaie. Car la banque centrale fournit aux banques du pays de l'argent frais. Elle leur fournit ces liquidités contre un taux d'intérêt. A charge ensuite aux banques commerciales de diffuser cet argent dans le circuit économique (en prélevant au passage, elles aussi, un intérêt), par le biais des crédits qu'elles consentent. L'effet de levier du crédit permet à la monnaie de financer davantage que sa valeur faciale, ce qui permet de stimuler l'économie. Il faut donc surveiller ce "multiplicateur du crédit" qui peut créer récession ou inflation selon qu'il est trop faible ou trop fort.

Le travail des banques centrales est aussi compliqué par un facteur extérieur. Il s'agit des relations qu'entretient l'économie du pays avec celles des pays adjacents pourvus de leurs propres devises. Si le pays achète plus de biens à l'extérieur que les pays étrangers ne lui en vendent, il va se créer un déséquilibre, car la banque centrale du pays va devoir changer une plus grande partie de sa monnaie en devises étrangères que ne le font, dans l'autre sens, ses partenaires économiques. Et sa monnaie risque de perdre du terrain face à celle des autres pays

Les armes des Banques Centrales

Mais la banque centrale d'un pays dispose de quelques armes pour intervenir sur les marchés et redresser, du moins temporairement, une situation qui lui semble dangereuse pour son économie. La première de ces armes est l'intervention directe, grâce à ses réserves. Elle peut réduire sa création monétaire, ce qui contribue à accroître la valeur de sa devise. Ou, ce qui revient au même, augmenter le taux d'intérêt qu'elle applique lorsque les banques viennent se refinancer auprès d'elle. Elle peut aussi, lorsqu'elle estime que sa monnaie est trop forte, annoncer de gigantesques plans de relance budgétaire, financés par de la création monétaire pure.

C'est ce qu'a fait le Japon fin 2012-début 2013. Ces mesures sont des "armes atomiques", qui peuvent bouleverser les équilibres entre les monnaies et qui sont donc craintes par les marchés. L'annonce du plan japonais a d'ailleurs entraîné en quelques mois une glissade de plus de 10% du Yen face à l'Euro et au Dollar : mission accomplie, donc, pour la Banque du Japon (BoJ). Mais le plus souvent, il suffit à la banque centrale de menacer d'une intervention pour calmer les esprits, réduire la spéculation et stabiliser le cours d'une monnaie par rapport à une autre.

Cet objectif de stabilité n'est pas toujours atteint. Dans les années 1992-91993, le système monétaire européen, SME, mis en place en 1987 fut attaqué et explosa. Il fut remplacé par un autre système, insatisfaisant lui aussi, qui aboutit à la création de l'euro en 1999. La Livre, qui était entrée dans le SME en 1990, était contenue dans un couloir de variation  trop étroit. Elle n'avait le droit de varie que de 2,5% autour d'un pivot fixe. En 1992, elle dut être soutenue de plus en plus fermement par la Banque d'Angleterre. Un groupe de spéculateurs internationaux, mené par le financier George Soros, finit par l'en faire sortir le 16 septembre 1992, faisant éclater le système. Son remplaçant autorisa lui, des marges de variation de 15%, nettement plus souples... Mais cette aventure a montré qu'une banque centrale peut faire beaucoup, mais qu'elle ne peut pas tout faire, surtout lorsque les marchés du monde entier jouent contre elle!

La politique des "petites phrases"

Il y a beaucoup d'exemples plus récents (mais sans doute moins spectaculaires) de l'explosion d'une monnaie : la crise du Baht, celle du Rouble, celle du Peso... Ces crises peuvent encore survenir aujourd'hui, mais la majorité des interventions se font à travers une variation des taux d'escompte de la banque centrale savamment orchestrée, à l'aide de communiqués, de conférences de presse et de petites phrases plus ou moins sibyllines.

A tel point, parfois que plus personne n'est capable de deviner les intentions de la banque derrière elles : l'ex-président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, avait coutume de dire : " si vous m'avez compris, c'est que je me suis mal exprimé! " Cependant, chaque Banque centrale a son style et sa façon de communiquer. Lorsqu'on trade une des monnaies gérées par ces banques centrales, il faut donc garder un oeil sur les réunions et les annonces qu'elles peuvent faire à date fixe... ou pas. pour en savoir plus sur les banques centrales, reportez-vous à notre fiche sur l'influence, le fonctionnement et la fréquence de leurs réunions.

C'est donc le taux d'intérêt qui est la principale information à retenir de la part d'une banque centrale. C'est elle qui accapare toute l'attention des gambistes, des spécialistes du trading des devises. Les taux d'intérêt justifient en effet de gigantesques transferts de fonds entre pays qui baissent leurs taux et pays qui montent leur taux. Dans certains cas, il est possible, à travers le Carry Trade, d'emprunter dans une monnaie à taux bas pour replacer l'argent sur la devises qui rémunère davantage. 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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