La Finance Comportementale

« Anomalies »

Depuis le début des années 1980, des chercheurs et observateurs avisés des marchés ont mis en évidence les failles de la théorie de « l'efficience » des marchés financiers.

Les courbes de la Bourse offrent depuis toujours des profils en dents de scie, et ces dents de scie ne correspondent pas aux effets de l'incorporation « pure et parfaite » d'une nouvelle information relative à des titres cotés quels qu'ils soient, contrairement aux enseignements de la logique d'une « efficience ».

Des « anomalies » concernent aussi bien la volatilité excessive de certains titres financiers dont les référents réels sont pourtant parfaitement stables (par exemple une entreprise industrielle n°1 sur un marché considéré comme « captif »), que les aléas calendaires (par exemple le fait que la négociation d'un titre donné se révèle toujours plus rentable le lundi que tous les autres jours de la semaine) ou même météorologiques (le fait que la rentabilité des actions soit supérieure quand il fait beau que lorsqu'il pleut).

Rationalité et « biais psychologiques »

C'est la rationalité des investisseurs que la finance dite « comportementale » remet en cause. Des irrationalités répétitives peuvent cependant être repérées, et la finance « comportementale » aboutit peut-être ainsi à la définition d'une « autre rationalité », qu'il n'est sans doute pas inutile de garder en mémoire en tant qu'investisseur.

Ainsi en va-t-il par exemple du fait que l'orientation des choix des investisseurs diverge en regard des calculs de probabilités lorsqu'il s'agit de gains ou de pertes : lorsque la probabilité de perte est forte, la prise de risque est plus fréquente (préférer avoir une probabilité de 50 % de perdre 100 plutôt qu'une probabilité de 100 % de ne perdre que 50) que lorsque la probabilité de gain est forte (les investisseurs préfèrent gagner 50 de façon certaine plutôt qu'avoir une probabilité de 50 % de gagner 100).

Certains « biais psychologiques » constituent d'autre part des constantes. L'effet « momentum des biais permanents » naît ainsi du mimétisme et conduit  par exemple à ce qu'un titre dont le cours s'est déjà notablement apprécié continue de s'apprécier en poursuivant sur sa lancée.

Dans cette logique mimétique, le bénéfice secondaire serait aussi pour l'investisseur de réduire son anxiété de devoir éventuellement être le seul à afficher une contre-performance. Les chercheurs ont à cet égard isolé le mimétisme « informationnel », qui consisterait à imiter le comportement d'autres investisseurs que l'on suppose mieux informés, du mimétisme « autoréférentiel » qui consisterait à tenter de prévoir un comportement majoritaire pour l'imiter.

Le mimétisme explique largement la formation de certaines bulles spéculatives. Historiquement, des décisions préprogrammées sur des logiciels d'achat/cession de titres (déclenchant par exemple la vente automatique en deçà d'un certain seuil de cours) ont pu être accusées d'avoir accentué des phénomènes de mimétisme, en particulier en ce qui concerna le krach boursier de 1987.

En matière de « biais psychologiques », les chercheurs distinguent encore les biais cognitifs (mauvais raisonnements) des biais émotionnels (ne s'intéresser qu'aux informations abondant dans un sens déjà choisi auparavant), ou encore de « l'aversion au regret ». D'une façon générale, les acquis de la finance comportementale sembleraient moins utiles aux investisseurs pour gagner que pour éviter de perdre (trop). 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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