Valeur d'une entreprise en bourse

Aller au-delà du PER

Les cours reflètent la valeur de l'entreprise, nous apprend la théorie boursière. Force est de constater qu'il y a souvent un écart entre la valeur réelle de l'entreprise et celle qu'en donne la bourse. On s'en aperçoit lors des OPA ou des rapprochements, qui font souvent apparaitre une prime sur le cours boursier.

Les investisseurs boursiers font souvent confiance au PER pour les aider à choisir un titre. Mais comparer les résultats d'une entreprise à sa capitalisation boursière peut réserver des surprises. Premièrement, il ne permet pas d'éclairer l'investisseurs sur le statut d'une entreprises en perte (dans ce cas le ratio est négatif et ne vaut donc rien). Ni de mesurer son endettement.

Prenons l'exemple de deux sociétés, l'une ayant un résultat net par action double de la seconde. Son PER apparaitra deux fois moindre que celui de l'autre. Pourtant, la première est trois fois plus endettée que la première : sa structure est donc plus fragile, surtout en cas de relèvement rapide des taux d'intérêt...

Cela vient du fait que la capitalisation ne permet pas à elle seule de se faire une idée de la valeur d'une entreprise. Et pour calculer cette « vraie » valeur, il faut prendre en compte deux actifs différents. Le premier correspond au capital de l'entreprise (détenu par les actionnaires), le second aux dettes de l'entreprise (détenues par des porteurs d'obligations).

Et pour maitriser totalement cette société, son repreneur devra soit rembourser ces porteurs d'obligations, soit accepter de continuer à leur verser un coupon. Dans tous les cas, c'est une charge non négligeable, qui doit être prise en compte au moment de mesurer la rentabilité réelle de son investissement.

Plusieurs indicateurs intègrent cette mesure, ils sont très appréciés des analystes boursiers, des journalistes financiers et des particuliers qui ne se contentent pas du simple PER...

La valeur d'entreprise

C'est le principal indicateur de la valeur réelle d'une société. Son calcul est simple et consiste à additionner la capitalisation boursière et les dettes. Le résultat ne donne aucune indication en lui-même, et n'a d'intérêt qu'à partir du moment où il est rapporté à un autre indicateur comme le chiffre d'affaires et le résultat d'exploitation...

Le ratio « VE/CA », division de la somme de la capitalisation et des dettes par le Chiffre d'affaires, permet de comparer des sociétés entre elles, où qu'elles soient cotées. En Italie, par exemple, où il y a beaucoup de groupes familiaux cotés, les actionnaires craignent de perdre le pouvoir et ont plus largement recours à l'endettement que d'autres types de sociétés.

De plus, leur capitalisation peut être inférieure, puisque les actionnaires familiaux « verrouillent » souvent leur capital. L'indicateur VE/CA permettra donc d'abolir ces particularités et de comparer des entreprises ayant des politiques très différentes vis-à-vis de leurs actionnaires...

Le ratio « VE/Ebitda » est aussi très utilisé : il permet de comparer la valeur d'entreprise (capitalisation plus dettes) à l'excédent d'exploitation. L'Ebitda est un indicateur de profitabilité, qui permet de faire abstraction des différences dues aux taxes, aux décisions de financement et aux choix comptables entre entreprises. L'avantage d'EV/Ebitda est qu'il n'est pas influencé par la structure du capital.

Du coup, vous pouvez utiliser ce ratio quand vous voulez voir la capacité d'une entreprise à générer du cash, mais -attention !- sans tenir compte de la façon dont elle l'a financée (dette ou augmentation de capital). C'est donc un indicateur utile, mais qui a lui aussi ses défauts. Il ne faut pas oublier que l'autre définition, qui nous vient de la bulle internet de 2001, de l'Ebitda est : « bénéfice avant mauvaise nouvelle »...

Néanmoins ce ratio a une vraie utilité lorsqu'il s'agit de comparer entre elles des entreprises d'un même secteur. C'est ce que montre ce tableau détaillant les ratios de Securidev et de plusieurs de ses concurrents dans le monde.

La VE/Ebitda de Sécuridev (FR0000052839 - SCDV) face à ses concurrents

Nom de la sociétéValeur d'entreprise (en milliers de dollars)VE/Ebitda 2012VE/Ebitda (12 prochains mois)
Securidev SA 92 161 3,79 NS
S1 Corp 1 450 044 6.34 6.31
Taiwan Secom 808 172 NC NC
Secom 9 110 423 4,59 4,62
Sohgo Security Services 653 229 2,11 2,11
G4S plc 8 528 281 7,25 7,2
Prosegur 3 267 928 6,87 6,81
Source : infinancials, au 3 fév 2012

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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