Taxe Tobin : définition, fonctionnement...

Définition de la taxe Tobin

L'idée d'une taxe sur les transactions financières est ancienne et fut notamment défendue par Keynes dans sa célèbre « Théorie générale » (1936). Il s'agissait déjà alors pour lui d'apporter des marges de manoeuvre aux Etats dans le but d'orienter leurs politiques économiques et d'arbitrer les mouvements des marchés.

A la suite de l'abandon de la convertibilté-or du dollar US, une taxe sur les transactions du marché mondial des changes fut  suggérée en 1972 par le futur lauréat du prix Nobel d'économie, James Tobin.

D'un pourcentage très faible (0,05 % à 0,2 %) mais généralisée à toutes les transactions du Forex, la taxe Tobin « selon Tobin » eût été destinée à éviter les trop fortes variations de parité des monnaies entre elles, des variations de parité qui se révélaient très déstabilisatrices des économies nationales dans l'immédiat après coup de l'abandon de la convertibilité-or.

Historique et velléités

En dehors de l'expérience de la Suède (qui mit en place une taxe de 0,5 % sur toutes les transactions financières de son territoire entre 1985 et 1990), l'idée de la taxe Tobin a été ressuscitée en Europe dans le courant des années 1990, et la volonté de taxer les transactions financières figurait par exemple en 1995 au programme du candidat à l'élection présidentielle Lionel Jospin.

Reprise ensuite par le mouvement Attac, l'idée de la taxe Tobin s'oriente vers un but « altermondialiste », avec en ligne de mire une allocation des fonds générés aux pays en voie de développement ou encore à la grande cause de la préservation écologique de notre planète. Tobin lui-même est amené à se désolidariser de l'aspect anti-capitaliste et anti-mondialisation du combat mené par Attac, lorsqu'il déclare « formellement soutenir le libre échange, le FMI et l'OMC, tout ce à quoi ces mouvements s'en prennent ».

La crise économique de 2008 redistribue les cartes, dans une situation où les besoins de fonds sont manifestes pour soutenir non plus les pays pauvres ou l'écologie, mais les marchés, les Etats, les systèmes économiques eux-mêmes.

En 2011, le parlement européen et la commission européenne en appellent à la création d'une taxe sur toutes les transactions financières, avant que N. Sarkozy et A. Merkel ne s'entendent également en ce sens.

En janvier 2012, le président-candidat annonce la création d'une telle taxe de façon unilatérale au cas où il est réélu, mais limitée aux achats d'actions et à une catégorie de Credit Default Swap, ces produits dérivés destinés à se garantir du défaut des dettes souveraines (et donc à spéculer sur ce défaut). Appliquée en l'état, cette taxe ne rapporterait qu'1 milliard d'euros par an.

Analyse économique

Il n'est tout d'abord pas du tout avéré qu'une taxe sur les transactions financières constituerait un frein à la volatilité des taux de change, comme l'avait rêvé Tobin.

En pratique, l'application d'une taxe sur les transactions financières circonscrite à un seul marché national conduirait automatiquement à réduire les échanges réalisés sur ce marché, un volume supérieur d'échanges se portant immédiatement sur les marchés voisins ou semblables. C'est dans cette mesure que les militants de la taxe Tobin « revisitée » ont toujours bien eu conscience qu'une telle taxe devait être décidée de concert au niveau mondial et s'appliquer simultanément sur toutes les grandes places financières.

Il est d'autre part notable qu'une taxe sur les transactions financières pèserait naturellement non pas sur les organismes financiers  ni sur aucun « teneur de marché » mais sur les utilisateurs finaux des produits financiers, les investisseurs et les émetteurs de titre.

En ce qui concerne les titres de dette souveraine, les Etats en tant qu'émetteurs sont bien entendu des utilisateurs finaux majeurs, qui seraient ainsi amenés à se taxer eux-mêmes. Sans doute faudrait-il penser à corriger ces éventuels « effets pervers ».

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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