Les limites des Bitcoins : risques, volatilité...

Risques et limites technologiques

Le Bitcoin en tant que monnaie d'échange est largement critiquable de plusieurs points de vue et son utilisation comme vecteur d'échange, et plus encore comme support d'investissement, n'est pas sans comporter un certain nombre de risques qui ont été clairement identifiés.

Du point de vue technologique tout d'abord, des risques opérationnels sont liés à l'environnement informatique fondé sur un seul logiciel et sur des fichiers « wallet » mal protégés qui servent à distribuer les dépenses et les rentrées de Bitcoins dans les « porte-monnaie » des utilisateurs (ces adresses Bitcoins comparables à des comptes en banque). Mais quid d'un système peer to peer qui utilise les disques durs de simples ordinateurs personnels comme espaces de stockage et de partage, mais encore comme livres de compte ?

Sans référent centralisé (la grande innovation du système Bitcoin), la preuve matérielle des avoirs fait forcément défaut. D'un point de vue technologique encore, la création de Bitcoins est soumise à la résolution de programmes mathématiques qui attribuent cette monnaie par quasi-tirage au sort dès lors que des transactions sont réalisées, et la limite maximale fixée à 21 millions de Bitcoins, ainsi que le nombre croissant d'utilisateurs de ce système d'échange, rendent exponentielle la difficulté d'acquisition de Bitcoins auto-générés.

Un dernier risque technologique est de portée limitée : il est à tort supposé que si le système Bitcoin montait en puissance, il ne pourrait pas gérer les très gros volumes de transactions en cause. Or la totalité des activités économiques humaines est sans doute à portée de calcul et de stockage de ce que sont devenus nos ordinateurs personnels contemporains.

Risques et limites économiques

Certains commentateurs considèrent que l'irréversibilité des transactions en Bitcoins constitue un risque en soi (risque lié à l'anonymat des transactions aussi bien qu'à l'absence de mémoire centralisée de ces transactions), mais il faut bien reconnaître que les paiements en cash de n'importe quelle devise étatique officielle comportent un risque similaire.

Au plan économique, les Bitcoins sont surtout critiqués pour ne pas avoir encore généré un commerce réel et probant de biens et services, mais encore pour conduire aussi bien à une logique de déflation (à cause de la limite de quantité de monnaie en circulation fixée par avance à 21 millions d'unités) qu'à une logique d'inflation (qu'une baguette coûte le prix d'une voiture à quelques jours d'intervalle). Les Bitcoins n'encouragent pas à la dépense via le simple système d'échange qui les caractérisent, et 80 % des dépôts seraient d'ailleurs « dormants » (jamais dépensés).

La forte volatilité de la valeur des Bitcoins rapportée aux grandes monnaies officielles (EUR, USD) pose aussi un problème de sécurité économique majeur. Cette grande volatilité est bien entendue liée à la forte spéculation qui peut faire rapidement baisser ou monter les cours des Bitcoins (cf. la bulle spéculative d'avril 2013) en l'absence d'autorité régulatrice de type banque centrale.

Risques et limites politiques

Si comme le déclare le fondateur du parti pirate suédois, avec les Bitcoins « les gouvernements ne peuvent plus inspecter la richesse des individus, ni leurs revenus, ni leurs dépenses », on peut d'un côté se féliciter de ce que la liberté individuelle a à gagner avec les Bitcoins, mais de l'autre côté se demander si des systèmes fiscaux nationaux qui visent aussi bien à la protection des membres d'une communauté qu'à la redistribution sociale, pourraient survivre au cas où Bitcoins en venaient à « prendre des parts de marché » aux systèmes d'échange traditionnels fondés sur les monnaies... non virtuelles.

Dans un rapport d'octobre 2012, la Banque Centrale Européenne estime de son côté que les Bitcoins peuvent encourager et faciliter le blanchiment d'argent et le trafic de drogue, et que le mode de fonctionnement de ce système d'échange pourrait favoriser des montages « à la Ponzi » (rétribution des premiers utilisateurs par les nouveaux utilisateurs).

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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