Le bilan consolidé : toute une galaxie sur un plateau...

Lire un bilan consolidé

Un groupe coté est généralement constitué de plusieurs sociétés, de filiales, d'usines à l'étranger qui ont - c'est la loi - chacune une existence juridique propre, et donc leur bilan et leur compte de résultat. Il serait impossible à un investisseur d'éplucher tous ces documents et de se faire ainsi une idée complète de la santé de l'entreprise. Car dans ce cas, il devrait par exemple distinguer les échanges de matériels, de produits et de services entre les différentes entités, qui ne changent rien à la production effective, mais apparaissent dans les comptes.

On pourrait décider que c'est la holding de tête qui sert à mesurer l'activité du groupe. Mais c'est un indicateur très imparfait. Son chiffre d'affaires est souvent ridicule, car il ne reprend que les facturations qu'effectue la holding. Et l'activité des filiales qu'elle contrôle n'est visible qu'au travers des bénéfices qu'elles reversent à la maison mère. Le bilan consolidé vient combler ce vide et permet d'embrasser d'un seul regard, sur un même document, toutes les sociétés d'un groupe autrement dit, toute une galaxie de sociétés !

Deux documents sont consolidés : le bilan et le compte de résultat. Le premier est un document comptable qui fait l'addition de tous les biens et de toutes les dettes d'une entreprise. D'un coté, qu'on appelle l'actif, on place tout ce qui appartient à l'entreprise : contrats, brevets, stocks, participations, machines, terrains, créances. De l'autre, qu'on appelle le passif, on place tout ce qu'elle doit : le capital que lui ont apporté les actionnaires (le capital social), les prêts des banques et toutes les autres dettes, et le bénéfice qu'elle n'a pas encore distribué.

Le résultat de chacune des deux colonnes, d'un côté l'actif, de l'autre le passif, doit être strictement identique. La différence, si elle existe, c'est le bénéfice ou la perte. Si le total des biens que l'entreprise possède est supérieur à ce qu'elle doit, il y a bénéfice. Si le total de son actif est inférieur à son passif, c'est qu'elle affiche une perte. L'investisseur avisé doit lire ce bilan, car il renseigne sur la façon dont l'entreprise est organisée pour dégager une plus-value, qui se transformera en profits et, plus tard, pour lui, en dividendes.

En France et en Europe, ce sont les normes comptables internationales, les International Financial Reporting Standards (IFRS), qui définissent les manières de procéder à une consolidation. Elles permettent aux comptables de présenter des comptes parfaitement lisibles, car compréhensibles par tous, qui éliminent les doublons et reflètent réellement la situation économique de l'entreprise. C'est une notion qui a son importance : en jouant sur la consolidation de son groupe, Jean-Marie Messier a réussi pendant quelques années, à tromper le marché sur l'état réel des finances du groupe Vivendi...

Comme l'explique Jean-Claude Dupuis, professeur et Christel Vivel, chargée de recherche, à l'Esdes, à Lyon : « La comptabilité implique un délicat travail de cadrage : la manière tant de délimiter ce cadre que de comptabiliser ensuite les éléments à consolider est loin d'être neutre, car les choix opérés peuvent influer notablement sur les résultats affichés au niveau de l'ensemble ».    

L'essentiel, dans la consolidation, est la notion de contrôle. Ses différentes formes sont précisées par la norme IAS 27, qui dit ceci : « Le contrôle est présumé exister lorsque la mère détient, directement ou indirectement par l'intermédiaire de filiales, plus de la moitié des droits de vote d'une entreprise (contrôle de droit). (...) Le contrôle existe également lorsque la mère, détenant la moitié ou moins de la moitié des droits de vote d'une entreprise, dispose du pouvoir sur plus de la moitié des droits de vote en vertu d'un accord avec d'autres investisseurs (contrôle contractuel), du pouvoir de diriger les politiques financière et opérationnelle de l'entreprise en vertu des statuts ou d'un contrat (contrôle contractuel), du pouvoir de nommer ou de révoquer la majorité des membres du conseil d'administration ou de l'organe de direction équivalent (contrôle de fait) ou du pouvoir de réunir la majorité des droits de vote dans les réunions du conseil d'administration ou de l'organe de direction équivalent (contrôle de fait). »        

Les différentes sortes de Consolidations

Voilà pour la théorie. En pratique, il y a quelques complications. Car il y a plusieurs sortes d'intégration comptable. L'intégration globale, l'intégration proportionnelle et la mise en équivalence...

L'intégration globale consiste à considérer que 100% de l'activité d'une société participe à celle de la maison-mère, même si celle-ci n'en détient pas 100%  La société mère n'étant pas détentrice de 100% des actions des filiales, les comptes distinguent la fraction des capitaux propres et du résultat dévolue au groupe de celle qui revient aux actionnaires minoritaires.

Lorsque la maison-mère contrôle une partie du capital d'une société conjointement avec une autre entreprise, elle utilise une autre forme d'intégration comptable : l'intégration proportionnelle. Dans ce cas, seul le pourcentage correspondant au niveau des intérêts détenus par la maison-mère est pris en compte dans le bilan et le compte de résultat. Cela signifie que la fraction de l'activité qui revient aux autres actionnaires n'est pas intégrée dans les comptes du groupe.

Il existe une troisième forme d'intégration, un peu différente : c'est la mise en équivalence. Elle est utilisée dans le cas de participations minoritaires et dans les cas où la maison-mère détient une « influence notable » sur une société dont elle détient une petite fraction du capital. Elle consiste non pas à intégrer les comptes de la société détenue dans ceux de la maison mère, mais à réévaluer à leur valeur de marché les titres que détient la maison-mère. Normalement, ceux-ci sont comptabilisés à leur valeur au moment où ils ont été acquis.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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