Les indices contrôlent-ils l'économie ?

Il y a sur la planète 43000 entreprises multinationales. La plupart d'entre elles (plus de 65%) sont cotées et font donc partie, de par leur taille, des grands indices. Elles sont elles-mêmes contrôlées par un petit nombre de très grosses sociétés, membres également des grands indices, qui sont donc le coeur, ou le réacteur nucléaire, du système économique de la planète.

C'est du moins ce qu'ont révélé, fin 2011, trois chercheurs suisses, qui ont dressé cette carte du pouvoir économique mondial. Stefania Vitali, James B. Glattfelder et Stefano Battiston, tous trois spécialistes des réseaux complexes à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich, ont publié cette étude dans la revue scientifique PlosOne d'octobre 2011.

40% de la richesse mondiale

Que dit-elle ? Que 737 firmes, à travers leurs participations, peuvent contrôler 80% de la valeur marchande produite dans le monde (valeur marchande mesurée par les chiffres d'affaires des sociétés). Et qu'avec seulement 147 d'entre elles, on parvient à contrôler 40% de cette richesse !

Plus inquiétant encore, les participations de ces 147 firmes entre elles sont telles qu'elles forment, dit l'étude, une sorte de "super-entité économique dans le réseau global des grandes sociétés". Et les auteurs ajoutent : « Cette découverte soulève au moins deux questions (...) fondamentales pour la compréhension du fonctionnement de notre économie : premièrement, quelles sont les implications pour la stabilité financière mondiale ? (...) Deuxièmement, quelles sont les implications pour la concurrence sur les marchés ?". En effet, poursuit James Glattfelder :"nous ne pouvons pas exclure que les principaux détenteurs de capitaux que nous avons identifiés à l'échelle mondiale exercent leur pouvoir potentiel, formellement ou de façon informelle."

Un syndicat du capital ?

Il faut cependant relativiser cette « influence » : il n'y a pas de « syndicat du capital » comme il a pu y avoir un « Syndicat du crime » ! La grande majorité de ces 147 sociétés sont des entités financières (banques, compagnies d'assurance, fonds de pension...) qui ne possèdent pas directement l'argent qu'ils investissent mais le font pour le compte de leurs clients, principalement des épargnants.

De plus, cette concentration des flux d'épargne a aussi des effets bénéfiques. Elle permet par exemple de limiter les coûts de transaction, de renforcer la confiance mutuelle et de mutualiser les risques.

Too connected to fail

Reste que cette question de la concentration du pouvoir d'influence économique entre quelques mains, est au coeur de la problématique actuelle, quelques années après la faillite de Lehman Brothers. La banque était considérée comme « too big to fail » (trop grosse pour faire défaut).

On sait aujourd'hui ce qu'il en est advenu. Les auteurs de l'étude proposent désormais de se pencher sur le « too connected to fail » (trop connectés pour faire défaut). Les récentes crises financières ont en effet démontré que l'interconnexion des réseaux financiers entre eux contribuait à accroitre l'instabilité du système. Et pas forcément à mutualiser le risque. Le risque de contagion financière est avéré : on l'a vu en 2007 et en 2011.

Le risque de contagion industrielle, par le biais de cette interconnexion des flux marchands est tout aussi réel. Lors du Tsunami de 2011 au Japon, il a suffi de la défaillance d'une usine noyée sous l'eau pour que la chaîne d'approvisionnement de la production mondiale d'automobiles soit perturbée partout dans le monde...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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