Notes souveraines : causes et conséquences

Dettes souveraines, notes souveraines

Les notes souveraines attribuées par les 3 principales agences de notation (Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings) évaluent la solvabilité des Etats en tant qu'agents économiques. Ces notes sont attribuées à la dette publique de chaque pays (dette à long terme et dette à court terme).

Lorsque leurs déficits courants ou structurels doivent être financés (et tel est le cas pour tous les grands pays industrialisés sans exception, mais également bien sûr pour tous les pays émergents et pour tous les pays « pauvres » ou presque), les Etats sont emprunteurs sur le marché monétaire (pour les pays industrialisés et émergents, via les obligations qu'ils émettent sous forme de Bons du Trésor), comme peuvent l'être des particuliers vis-à-vis de leurs institutions bancaires ou des entreprises sur ce même marché monétaire ou vis-à-vis d'institutions bancaires elles aussi.

Les notes souveraines conditionnent les capacités d'emprunt des Etats dans la mesure tout d'abord où elles déterminent les taux d'intérêt proposés aux investisseurs sur les marchés obligataires nationaux concernés : en théorie, moins un pays est considéré comme solvable, plus sa note souveraine est dégradée, plus les taux d'intérêt dont il devra s'acquitter auprès d'investisseurs prêts à acheter des titres de sa dette seront élevés du fait de l'augmentation du risque pris par les investisseurs.

Les notes souveraines influent ensuite par rebond sur la liquidité des marchés obligataires nationaux : lorsque la dette d'un Etat est considérée comme « spéculative » ou « ayant un risque élevé » (le risque maximal étant le risque de défaut de paiement pour les investisseurs prêts à souscrire les titres de dette concernés), la ou les dettes publiques concernées trouvent difficilement ou très difficilement à se « placer », c'est-à-dire que l'illiquidité du ou des marchés concernés menace ou grandit.

Modalités et effets des notations souveraines

Selon les modèles de Standard's & Poor's et de Fitch Ratings, identiques l'un à l'autre, lorsque la dette souveraine de long terme d'un Etat (celle dont les notes sont les plus suivies) est très sûre pour les investisseurs (d'où une forte liquidité du marché obligataire national et les taux d'intérêt les plus avantageux pour l'emprunteur), elle se voit attribuer la note maximale AAA (« première qualité »), ou encore AA+, AA ou AA- (« haute qualité »), ou bien encore par ordre décroissant A+, A ou A- (« qualité moyenne supérieure »), et ainsi de suite par utilisation des 4 premières lettres de l'alphabet seulement jusqu'à C (« peu d'espoir de recouvrement ») et D (« en défaut »).

La crise des dettes publiques des pays de la zone euro qui a commencé au printemps 2010 a eu aussi bien pour cause que pour conséquence inévitable la dégradation régulière et répétée des dettes souveraines de tous ces pays à l'exception de l'Allemagne : à partir du printemps 2010 pour la Grèce, à partir de l'automne 2010 pour l'Espagne, l'Irlande, le Portugal, à partir de janvier 2012 pour la France et l'Autriche, etc. Les notes souveraines ont des causes : elles sont fixées en fonction d'informations financières, politiques et macroéconomiques sur les Etats (prévisions de croissance des pays, décisions budgétaires, etc.).

Elles ont aussi des conséquences et sont notamment et à fort juste titre accusées d'être auto-réalisatrices : une note est dégradée lorsque la situation financière d'un Etat se dégrade... et la situation financière d'un Etat se dégrade lorsque sa note est dégradée.

Les notations souveraines sont toutefois plus lentes à évoluer que les indicateurs financiers et macroéconomiques : des confirmations ou infirmations sont recherchées par les agences, et la concurrence entre agences joue aussi à plein en générant hésitations ou audaces.

Enfin des dégradations ne sont pas toujours accueillies négativement sur les marchés des dettes publiques : la plus ou moins grande aversion au risque est ici centrale pour expliquer les choix des investisseurs.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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