Pourquoi les entreprises ont besoin du Forex ?

La plupart des entreprises d'une taille intermédiaire ou supérieure sont obligées de réaliser des opérations avec des devises étrangères. Soit parce qu'elles vendent en dehors de leurs frontières, dans des pays qui utilisent une autre devise que la leur, soit parce qu'elles doivent importer des services ou des biens (comme par exemple des matières premières) qu'elles doivent régler dans la devise du vendeur. Même celles qui ne traitent qu'avec leur marché domestique et qui n'importent aucun bien ou service de l'étranger sont confrontés à la variation des taux de change de leur monnaie par le biais de leur concurrent, car la variation d'un rapport de force à ce niveau peut déterminer la pénétration de ces concurrents sur son marché domestique... Nous allons voir pourquoi elles ont tout intérêt à utiliser le Forex pour se protéger.

Pourquoi ? Parce que toutes les opérations en devises créent un "risque de change". Celui-ci dépend du délai de paiement c'est-à-dire du temps entre la date de signature d'un contrat et son règlement. Il en résulte pour l'entreprise une "position de change", qui est le solde entre les créances (ou les avoirs) de la société et ses engagements (ou ses dettes) en devises, après des opérations libellés en devises. Cette position est dite « fermée » si le solde est nul. Elle est "longue" si le solde est positif (si les avoirs sont supérieurs aux engagements en devises) et elle est "courte" s'il est négatif (si les avoirs sont inférieurs aux engagements en devises).

Pour l'entreprise, il en résulte différents types de risques. Il y en a trois :

1 Un risque de transaction

C'est un risque qui survient lorsque l'entreprise doit régler ou recevoir une somme déterminée dans une devise étrangère, surtout dans le cas, assez courant, où le paiement intervient après un délai "commercial" compris entre 90 et 120 jours. Pendant cette période qui sépare la facturation du paiement, la valeur relative de la devise initiale par rapport à la devise de réception du paiement peut varier considérablement et peut entraîner une perte considérable pour la société. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire qu'il y ait une transaction internationale pour que le problème se pose : c'est aussi le cas lorsqu'une société facture des biens et services à l'intérieur d'un même pays, dans une même monnaie, et que dans l'intervalle entre le paiement et la réalisation de ces biens et services les matières qui sont nécessaires connaissent une très forte variation.

Prenons l'exemple ci-dessous. Dans un premier cas, une société française vend des boîtiers de commandes d'ouverture de vannes à une entreprise américaine. Si celle-ci paie à la réception des marchandises, la société va convertir ses dollars en Euros sur le marché spot et va toucher 870 000 euros sur le champ. Si, comme c'est souvent le cas, la transaction prend la forme d'une traite à 90 jours, l'entreprise ne recevra son paiement qu'au bout de trois mois, au taux de change en vigueur à ce moment. Dans le cas présent, l'euro s'est renforcé pendant ce laps de temps et si la société américaine paie bien, comme convenu, son million de dollars, la société européenne, elle, encaisse moins d'euros. Or, comme ses coûts sont majoritairement exprimés en euros, elle voit alors sa rentabilité se dégrader sensiblement : lors de cette conversion, c'est presque 20% de la valeur (en euros) de la transaction qui a disparu en trois mois. Si la marge nette de l'entreprise, sur cette opération, est de 15%, l'opération entraîne une perte, alors qu'elle aurait du engendrer un gain!

 

 


Taux de change


USD facturés au client


EUR reçus par l'entreprise

Cas1 (paiement immédiat)

EUR 1 = 1,15 USD

USD 1 million

EUR 0,87 million

Cas2 (Paiement 90 jours)

EUR 1 = 1,39 USD

USD 1 million

EUR 0,72 million

 

2 Un risque de consolidation

Le risque de consolidation (appelé en anglais "Traduction risk") apparaît lorsqu'une société doit intégrer les bilans de ses filiales étrangères. La consolidation du bilan nécessite en effet le choix d'un taux de change pour intégrer ces bilans dans la devise de la société mère et la conversion de tous les actifs, les passifs, les résultats et les dépenses mesurées à l'origine en devise étrangère. Selon les situations, les entreprise optent généralement pour l'une des trois méthodes suivantes.

  • La méthode du taux courant ou du taux de clôture : C'est la plus courante. Elle considère que les différences de change sur actifs et sur dettes se compensent, de sorte que tous ces éléments doivent être convertis au taux de clôture du jour de l'établissement du bilan.

 

  • La méthode monétaire et non monétaire (dite aussi "méthode temporelle") : Elle établit une distinction entre éléments à long terme et éléments à court terme. C'est pourquoi elle convertit au taux du jour d'acquisition les postes qui sont évalués au coût historique (c'est à dire les stocks et les immobilisations non réévaluées). Et au taux de clôture les postes figurant en valeurs actuelles (les créances et les dettes). En comptabilité au coût historique, cela revient à établir.

 

  • La méthode court terme/long terme : elle n'est pratiquement plus employée qu'au Japon. Elle consiste à convertir les actifs et les dettes à court terme au taux de clôture, et les éléments à long terme au taux historique. Elle est fondée sur l'idée qu'à long terme les taux de change reviennent à leur niveau initial, mais aucune vérification empirique ne prouve le bien fondé de cette hypothèse.

Les variations qui résultent de la prise en compte de l'une ou l'autre de ces méthodes sont importantes. Elles peuvent influer sur la solidité d'une entreprise en faisant varier son ratio de Dettes sur Fonds propres (son Gearing). Cela peut devenir un problème si la société s'en engagée sur des " Convenants " (des ratios comptables à respecter), avec, par exemple, ses créanciers.

3 Un risque économique

Le risque économique porte sur les cash-flows d'une entreprise. Imaginons par exemple qu'un concurrent vende au même client que celui de votre société, alors qu'il produit dans la même devise que ce client, et que les taux de change évoluent défavorablement pour vous. Avec deux conséquences : cela risque de remettre en cause la transaction. Et ensuite, cela peut entrainer pour l'entreprise vendeuse, c'est-à-dire votre entreprise, une perte dans la devise utilisée pour le bilan une fois la transaction faite.

Les réponses de l'entreprise.

Face aux menaces potentielles liées aux changes, l'entreprise peut heureusement réagir. Elle peut le faire de deux façons : soit en appliquant une discipline de paiements plus stricte, soit en recourant à des instruments financiers particuliers. Dans le premier cas, elle va chercher à réduire ses délais pour éviter de trop s'exposer au risque temps sur les conversions et va s'efforcer de réduire son poste créances et dettes. L'optimisation des délais fait généralement partie des politiques que mettent en place rapidement les entreprises. Elle a donc toutes les chances d'exister et peut difficilement être améliorée, souvent pour des raisons commerciales.

Dans le second cas, elle va mettre en place des couvertures par le biais d'instruments adaptés : contrats Futures, options, swaps de devises, voire assurances ou affacturage. Et c'est là que le Forex peut servir aux services financiers de l'entreprise. Aujourd'hui, beaucoup d'entre elles, et pas forcément des grands groupes, mais aussi des PME, utilisent le Forex pour monter des couvertures efficaces contre les variations de change…

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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