Tirer parti des politiques anti-inflation

En économie, l'inflation est toujours au coin de la rue : le but de toute économie est de se développer. Or, en se développant, toute économie génère de l'inflation, qui finit par tue la croissance, en rendant l'avenir incertain et en renchérissant le prix des biens et services. L'Allemagne y est particulièrement sensible, elle a connu au début des années 30, des hausses des prix à trois chiffres… par mois !

Les garants du contrôle de ce cancer financier, qui ébranle les fondements même de l'économie, sont les gouverneurs des banques centrales. C'est à eux que revient la tâche, pas toujours facile, de contrôler l'inflation et de la juguler lorsqu'elle met en danger la croissance. Ils ont pour cela, à leur disposition, toute une batterie d'armes, certaines conventionnelles (ce sont les taux d'intérêt), d'autres qui le sont moins (ce sont les politiques alternatives, qui agissent sur la quantité de monnaie en circulation.

Les effets de ces « armes » sont parfois surprenants et peuvent faire des victimes collatérales et notamment parmi les investisseurs du marché des changes, les Traders Forex… Alors, autant les connaître et savoir comment s'en protéger ou comment réagir en cas d'attaque !

L'arme des taux

L'arme la plus facile à saisir pour juguler l'inflation, c'est évidement celle des taux d'intérêt. Dans une zone monétaire, la Banque centrale est l'organisme qui injecte ou retire de la monnaie en fonction des besoins de son économie : trop de monnaie entraîne un regain d'inflation, mais augmente la croissance, trop peu de monnaie réduit l'inflation, mais enrhume l'économie. Il faut donc un dosage subtil. Cela se fait par l'intermédiaire des taux directeurs.

Ceux-ci indiquent le cout auquel les banques commerciales vont pouvoir emprunter cette monnaie qui est mise à leur disposition par les banques centrales. A elles, ensuite, d'en faire bon usage et de l'injecter dans l'économie par le biais des prêts qu'elles vont ensuite consentir aux « agents économiques » (individus ou sociétés) que nous sommes… Les investisseurs internationaux, qui disposent, comme la banque centrale, de capitaux, sont toujours à la recherche de taux d'intérêt élevés, qui leur permettent de rémunérer leurs investissements. C'est ce qui explique que généralement dès qu'une banque centrale monte ses taux, le cours relatif de la devise dont elle est responsable augmente.

Les armes non-conventionnelles

Les banques centrales ont aussi d'autres armes à leur disposition, parmi celles-ci, leur préférée est sans aucun doute l'augmentation des réserves obligatoires des institutionnels. Elles peuvent ainsi exiger des banques commerciales d'augmenter le montant de liquidités qu'elles doivent conserver en réserve, ce qui l'empêche évidemment de disposer de ces fonds et de les prêter. Ces fonds sont en quelque sorte « gelés » dans ses comptes, ce qui fit qu'il y a un peu moins de monnaie en circulation pour la même quantité de biens, ce qui limite forcément les possibilités de hausse des prix.

C'est la technique favorite des autorités monétaires chinoises : depuis 2011, elles l'ont fait quatre fois. Elles ont aussi eu recours à d'autres techniques non-conventionnelles. C'est ainsi que pour mettre un terme, ou tout du moins freiner la hausse excessive des prix de l'immobilier (qui est une sorte d'inflation) en 2011-2012, elles ont demandé aux banques d'exiger des acheteurs des apports en cash plus importants. Ce « deposit » a réduit d'autant les possibilités d'emprunt. Ajouté à la limitation des investissements à un par famille, cela a contribué à calmer l'inflation immobilière chinoise et donc l'inflation tout court…

Mais en augmentant leurs exigences en matière de réserves obligatoires, les autorités contribuent aussi à faire monter le cours relatif de la monnaie de leur zone. Car c'est pour les investisseurs internationaux le signe d'un durcissement de la politique monétaire de la zone et l'espoir, donc, d'une future augmentation des taux d'intérêt ! L'offre de monnaie s'amenuise et conduit tout naturellement à une appréciation de la devise.

Les opérations de marché

C'est une des armes préférées de la Fed, la banque centrale américaine. Grâce à ses accords avec les principaux opérateurs de marché, la Fed monte des opérations de rachat temporaire qui permettent de neutraliser des montants importants de monnaie, ou d'achat si elle souhaite renforce l'offre. Ces opérations sont à surveiller de près, surtout lorsqu'elles sont liées à une politique à long terme de taux d'intérêt, parce qu'elles peuvent donner des faux signaux qui sont susceptibles de tromper les investisseurs.

La réévalution

C'est une possibilité qui n'est ouverte qu'aux pays dont la monnaie a un taux de change fixe ou lié à celui d'une autre monnaie. Car dans ce cas, leurs gouvernements peuvent parfaitement contrôler les cours de leur monnaie. Pourquoi réévaluer sa monnaie ? Parce que cela permet de réduire le coût relatif des importations, qui sont un facteur de hausse des prix non négligeable.

Une monnaie réévaluée permet aux producteurs de bénéficier de couts de production inférieurs, et donc de réduire le prix de leurs produits et services. La Chine est une adepte de cette politique très efficace. Prenons par exemple le pétrole. Imaginons que la Chine paie son baril 100 dollars. Si le taux de change est de 5 USD/CNY, il reviendra à 500 Yuans. Mais si le rapport n'est plus que de 3 Yuans par Dollar, cela fera 300 Yuans par baril. Cela équivaut à une chute de 40% du cout du pétrole pour le fabricant chinois !

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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