Yuan-Dollar : des relations complexes

Les Chinois ont commencé à se tourner vers le commerce et les investissements à l'étranger vers la fin des années 70, après des décennies d'isolement sous le régime de Mao Zedong. Et dans les années 80, le premier secrétaire du parti communiste chinois, Deng XiaoPing, introduisit un certain nombre de réformes économiques dans son pays que l'on peut qualifier de libérales, surtout lorsqu'on les compare à ce qu'était la voie suivie jusqu'alors par le pays. Elles allaient changer définitivement la face du monde et permettre l'émergence d'une nouvelle puissance économique : la Chine.

Au point qu'en 2012, selon l'agence de presse Bloomberg, la Chine est devenue le premier « marchand » du monde. Ses importations et exportations ont représenté l'année dernière 3870 milliards de dollars (2900 milliards d'euros), tandis que celles des Etats-Unis n'atteignaient que 3820 milliards de dollars. C'est loin d'être terminé : la croissance économique annuelle du pays atteint 9,9% en moyenne depuis 1978. Si les derniers chiffres montrent un léger ralentissement, son taux de croissance, en 2012, restait cependant trois fois supérieur à celui des Etats-Unis (et cinq fois supérieur à celui de l'Europe de l'Ouest).

Merci, camarade Deng !

« La Chine est rapidement devenu le partenaire commercial bilatéral le plus important pour beaucoup de pays dans le monde », confirme l'économiste Jim O'Neill de Goldman Sachs.

Pour en arriver là, il n'a fallu au pays qu'un peu plus de 20 ans. Un succès en grande partie dû aux réformes du camarade Deng. Sa principale décision fut d'ordre monétaire : Deng arrima la monnaie chinoise (le Yuan, parfois appelé de son nom populaire de Renminbi) au dollar. Puis il renforça ce lien par des accords commerciaux avec les Etats-Unis. Grâce à cette politique, les importations américaines en provenance de l'Empire du Milieu sont montées de 4 milliards de dollars en 1985 à plus de 350 milliards de dollars actuellement, selon le Bureau de l'US Census. Et ces dernières années, les exportations américaines vers la Chine n'ont représenté qu'un peu plus d'un tiers des exportations chinoises vers les USA.

De tels chiffres montrent bien tout l'avantage qu'il y a eu pour la Chine à arrimer sa devise au dollar. Surtout aux conditions qu'elle a choisies. Car cet arrimage (en anglais, on l'appelle un "peg") s'est fait à un taux de change très bas. Cela a été possible à cause d'une particularité de la monnaie chinoise : elle est inconvertible et n'est pas soumise, comme d'autres monnaies, à des variations de valeur en fonction des conditions de marché et d'échanges. Autrement dit, le taux de change est fixe et ne dépend que des besoins de la banque centrale de Chine. Elle peut réduire la quantité de Yuans en circulation en changeant son « peg », ou le taux auquel ellle refinance ses banques, ce qui lui permet de freiner une croissance trop rapide et de juguler l'inflation. Et peut aussi, dans l'autre sens, relancer la croissance, au risque d'un retour de l'inflation.

Un niveau avantageux

Cela permet surtout à la Chine de vendre ses produits moins cher qu'ils ne devraient l'être dans un système de taux de change flottant. Et cela a souvent cristallisé la critiques des policymakers américains, qui pensent que "Main Street" (la population) bénéficie moins de cette situation que "Wall Street" (le monde de la finance américaine). Tous les ans, plusieurs membres du Congrès partent en guerre contre le dumping chinois, réclamant du pays qu'il apprécie sa devise. Mais ces demandes sont rejetées, car les Etats-Unis estiment que cela réduirait les possibilités d'investissement des américains en Chine, et que cela conduirait les Chinois à réduire leurs achats d'obligations du trésor américain.

Les Etats-Unis ont une autre raison pour ne pas remettre en cause ce lien étroit entre Yuan et Dollar. Cela permet aux consommateurs américains d'acheter des produits moins chers, de diminuer les pressions inflationnistes et le prix des produits semi-finis importés (de plus en plus nombreux à provenir de Chine), nécessaires à la bonne marche de l'économie américaine.

Depuis 2009, le pivot Yuan/dollar a été fixé à 6.8339. Autrement dit, un dollar américain vaut 6,8339 Yuans chinois et la banque centrale chinoise vend ou achète continuellement des dollars ou des Yuans pour maintenir cet équilibre. Si elle décidait de remonter la valeur du Yuan par rapport au dollar, elle n'aurait donc qu'à accumuler moins de devises US. Ce qui laisserait davantage de Yuans en circulation en Chine et il s'en suivrait de manière quasi automatique une résurgence de l'inflation dans le pays. Ce qu'elle ne veut absolument pas. 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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