Trésorerie : à surveiller de très près dans les bilans d'entreprise

C'est la dernière ligne de l'actif du bilan. Elle est composée des avoirs en caisse et en banque et des titres de placement. Les entreprises très gourmandes en capitaux, dont le processus de production implique l'utilisation de nombreux sous-produits, pièces détachées et matières premières ont généralement de gros besoins de trésorerie pour les payer, d'autant que le règlement de leur propre production peut être décalé de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois.

Imaginons une entreprise ayant par exemple 100 millions d'euros immobilisés en stock de pièces et 100 millions d'euros de crédit à ses clients. Elle débourse donc 200 millions d'euros sans qu'il lui rapporte un centime. Heureusement, elle a aussi des fournisseurs qui lui accordent un certain délai pour les régler. Disons que cette dette fournisseurs atteint 150 millions d'euros.

L'entreprise devra donc trouver 50 millions (200 - 150 MEUR) pour faire face à ses besoins de trésorerie. Ce besoin de 50 millions s'appelle le besoin en fonds de roulement (BFR). Il peut être financé par les ressources propres de l'entreprise ou par d'autres moyens, comme des crédits à court terme accordés par les banques.

Les activités de services (comme les sociétés de services informatiques, par exemple) qui ont peu de matériel, de stock et de fournisseurs, ont souvent des besoins de fonds de roulement négatifs. Autrement dit, elles génèrent d'elles-mêmes de la trésorerie. C'est évidemment une situation plutôt confortable. Mais ce n'est pas la plus courante. Généralement, une entreprise a besoin ponctuellement d'avoir des ressources qui lui sont prêtées par des établissements financiers pour faire face à des décalages dans le paiement de leur activité.

D'un point de vue boursier, les entreprises les plus solides et les plus prospères sont évidemment celle qui n'ont pas de problème de « cash », et qui génèrent une trésorerie abondante. Parmi les sociétés qui font partie du CAC40, les deux champions du cash, toutes catégories, sont Axa et Total, qui alignent chacune plus de 20 milliards d'euros de trésorerie disponible.

Attention, cependant, à ne pas se tromper sur l'origine de ce cash. En 2001, cela a joué bien des tours à certains investisseurs. En effet, la trésorerie plantureuse d'une société peut aussi provenir d'une levée de capitaux, que celle-ci va investir au fur et à mesure...

Mais globalement, une entreprise bien dotée en cash est bien vue par la bourse. Soit parce qu'elle devient une proie tentante car son cours ne valorise que son activité et pas sa trésorerie. Soit parce qu'elle redistribue ce cash à ses actionnaires, en augmentant son dividende, en versant un dividende exceptionnel ou en affectant cette trésorerie au rachat de ses propres actions, pour les annuler ensuite. Ce qui permet à un nombre plus réduit d'actionnaires de se partager le même montant de dividendes.

C'est ce qu'a fait le groupe Bouygues, en aout 2011. Le groupe de promotion, téléphonie et médias, a dépensé plus de 1,25 milliard d'euros pour racheter presque 12% de son capital.

L'opération est financée par la trésorerie de l'entreprise. Les dirigeants justifient cette décision par le fait que la trésorerie, placée, « ne rapporte que 1 % tandis que les actions Bouygues dégagent un rendement de 7 % ». Martin Bouygues, le PDG du groupe a même précisé le but de cette opération : redresser le cours de son entreprise, mis à mal par le krach d'aout. "Notre capitalisation boursière - 8,4 milliards d'euros - est inférieure à nos fonds propres - 9 milliards d'euros -. C'est un comble." a-t-il ajouté. Le cours de Bouygues a aussitôt réagi et a pris 15% dès l'annonce de l'opération.

La trésorerie est donc un élément à surveiller de très près. Le BFR ne doit pas être trop important. La trésorerie non plus : comme l'a souligné Martin Bouygues, il serait absurde de conserver de l'argent inemployé (ou faiblement rémunéré), alors qu'en le réinvestissant dans l'entreprise, il permettrait de dégager une marge importante !

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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