Les Tulipes et la Louisiane causent les premiers krachs

La tulipomania

La tulipomania est considérée comme la première bulle spéculative ayant entraîné un krach. C'était en Hollande, en 1637. 

A cette époque, la tulipe est une fleur encore exotique, récemment rapportée de Turquie. D'abord réservées à quelques privilégiés, les tulipes se sont rapidement répandues en Hollande pour être présentes dans la plupart des jardins des riches familles. La tulipe surprenait car à partir de croisements, il était possible d'en créer une infinité de variétés...

L'engouement pour les tulipes est tel que les bulbes s'arrachent. Certains n'hésitent pas à vendre leur maison pour s'acheter ses précieuses racines, qu'on appelle des bulbes. Or la saison où l'on peut acheter ces bulbes ne dure que quelques mois, de juin, période de récolte, à octobre, date limite des plantations. Quelques producteurs, pressés par une demande croissante et attirés par la perspective de juteux profits, ont alors d'idée de vendre la production suivante dès la fin de la récolte en cours.

A partir de ce moment, les acheteurs vont commencer à s'arracher des bouts de papier sur lesquels sont simplement inscrites les dates de la livraison des tulipes achetées, leur prix et leur quantité. Ces bouts de papiers passent de mains en mains, sans que personne ne s'inquiète plus de la réalité des biens achetés.

De petits malins en profitèrent pour multiplier les promesses de livraisons, bien au delà des quantités plantées... Jusqu'à ce qu'en février 1637, tout l'édifice finisse par craquer. Le gouvernement est alors obligé d'intervenir. Il nomme une commission qui recueille les titres et propose de payer un pourcentage (3,5%) du prix d'achat initial à leur propriétaire... Si des milliers de Hollandais sont ruinés, certains ont revendus avant le krach et sont devenus très riches.

A Paris, l'Eldorado est en "Louisiane"

Quelques années plus tard à Paris, en 1715, les caisses de l'état se retrouvent vides à la mort de Louis XIV. Un écossais John Law  propose alors la création d'une banque qui émettra du papier-monnaie contre l'or apporté par les épargnants et prêtera à l'Etat le métal récolté. L'idée est bonne : ce papier-monnaie permet de faire circuler plus rapidement la monnaie, donne un coup de fouet au commerce et génère davantage de taxes et donc d'impôts.

L'idée d'émettre du papier, qu'on appelle alors des "billets" et qui sont gagés sur l'or, plait beaucoup au Régent. Un peu trop : la banque commença à accroître le volume de ses émissions, imprimant plus de papier-monnaie qu'elle n'avait réellement récolté d'or et d'argent. En 1717 John Law a une deuxième idée. Il crée la compagnie d'occident qui obtient le monopole du commerce avecla Louisiane en rachetant la compagnie du Mississippi.

Cette société est rebaptisée la « Compagnie perpétuelle des Indes » en 1719. Elle promet d'exploiter les filons d'or dela Louisiane. De l'or que personne n'a encore trouvé là-bas. Et d'ailleurs personne n'a songé à l'y chercher !

La spéculation est intense : en quelques mois, les cours sont multipliés par quarante. Les échanges, puisque la Bourse, en France, n'a pas encore de lieu fixe, ont lieu rue Quincampoix, en pleine rue, au milieu d'une cohue indescriptible. La fièvre des Parisiens pour ces actions est énorme et on peut en juger en regardant l'une des deux versions du film « Le bossu ».

Mais la réalité de ces fameuses mines d'or du Mississipi et plus généralement la solidité de l'entreprise sont bientôt mises en doute. En février 1720, deux princes de sang, le duc de Bourbon et le prince de Conti réclament le remboursement de leurs billets. Et comme ces billets sont gagés sur l'or, ils demandent un remboursement en bons Louis d'or ou en lingots. Les demandes de remboursement commencent à affluer.

Et le 10 octobre 1720, tout l'édifice s'écroule : c'est la banqueroute. Les Parisiens ont perdu plusieurs millions de Louis, c'est-à-dire plusieurs milliards d'euros d'aujourd'hui. C'est le premier krach français. Il ne sera pas le seul...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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