Savoir profiter des OPA en bourse

Le rachat d'une entreprise par une autre est courant. Ce rapprochement, dans le cas de sociétés cotées, se fait généralement par l'intermédiaire d'une Offre publique d'achat. Dans le monde, ces OPA représentent l'équivalent, ces dernières années, d'environ 2000 milliards d'euros d'opérations par an.

C'est une opération très réglementée par les autorités de marchés (en France, c'est l'AMF qui les surveille). Elle aboutit, pour la société rachetée à son absorption pure et simple par l'acquéreur, et à sa disparition de la cote. En 2011, 24 sociétés ont ainsi été retirées de la bourse de Paris à la suite d'offres publiques, contre 9 en 2010.

Pour les actionnaires, ce peut-être l'occasion de réaliser une bonne affaire, car pour réussir, l'initiateur d'une OPA doit pouvoir attirer un certain pourcentage des détenteurs des titres de la société cible. Sinon, l'OPA échoue, et, s'il s'entête, il est contraint de relever son prix. Le prix d'achat proposé par la société initiatrice de l'OPA est généralement supérieur au cours du moment de la société cible, afin d'attirer le maximum d'actionnaires.

Une prime de 31% en moyenne

En 2011, le cabinet de conseil Ricol Lasteyrie a étudié les 53 opérations réalisées dans l'année 2011. Un chiffre deux fois plus élevé que celui des OPA de 2010. Ses conclusions ? La prime par rapport au cours de la veille du lancement de l'OPA était en moyenne de 31%, selon une étude parue fin janvier 2012 et. Avec de belles exceptions comme l'OPA de Solvay sur Rhodia. Cette opération, de loin la plus importante de 2011 sur la bourse de Paris, s'est réalisée à un prix de 3,4 milliards d'euros, qui représentait une prime de... 50% par rapport au derniers cours de Rhodia.

Cette prime fait tout l'intérêt de ces opérations pour les actionnaires. Mais mieux vaut être actionnaire de la société cible que de la société prédatrice. Car les actionnaires de cette dernière voient souvent le cours de leurs actions baisser : l'acheteur va devoir casser à la caisse, rogner sur sa marge de solvabilité et peut-être alourdir son endettement pour devenir propriétaire de sa cible. De plus, rien ne dit que l'opération sera « relutive », autrement dit qu'elle apportera de la valeur à la société acheteuse. Une OPA et derrière elle, l'intégration d'une société par une autre, est toujours un acte hasardeux et plutôt mal vécu par les actionnaires.

Pilule parfois amère

Pour les vendeurs, la prime peut aussi être amère. Car si la société prédatrice lance son opération, c'est souvent que la société cible est en situation de faiblesse. Dans ce cas son cours peut avoir souffert pendant les mois précédent. Et se voir offrir une prime de 30% sur un cours qui a baissé de 70% au cours de l'année précédente peut n'être qu'une (très) relative consolation...

De fait, la prime, lorsqu'on la calcule par rapport à la valeur intrinsèque de la cible (et non plus par rapport au cours précédent l'opération), n'est plus de 31%, mais seulement de... 17%, selon les calculs des banques conseils mandatées par les acheteurs. Et elle tombe même à 10% en moyenne quand la valeur de la société est calculée par l'expert indépendant désigné par la cible elle-même. Des données que les « chasseurs de primes » (les actionnaires qui traquent les sociétés « Opéables » pour y investir dans l'espoir d'une opération future) doivent avoir en tête avant de se précipiter sur une cible potentielle.

Le saviez-vous ?

Certaines sociétés font des « OPA » sur... elles-mêmes. C'est le cas lorsqu'elles rachètent une partie de leur capital pour ensuite éliminer ces actions dites « auto détenues ». Intérêt : réduire le nombre d'actions en circulation et permettre ainsi de partager les bénéfices entre un plus petit nombre d'actionnaires. C'est une dépense pour la société, mais c'est un gain pour l'actionnaire restant, car il est assuré de voir son dividende augmenter.

Le cours, dans les jours qui suivent l'opération, a donc tendance à s'améliorer. Mais ce n'est pas automatique. Sans doute parce que le marché s'interroge légitimement sur l'opportunité pour la société d'investir les capitaux dont elle dispose dans une opération qui est purement financière et ne contribue pas à améliorer sa situation économique... Exemple avec Bouygues qui, en 2011, a consacré 1,25 milliard d'euros à racheter ses propres actions.

Le groupe de BTP Communications l'a fait à un moment crucial, puisque le cours était passé de 36 à 21 euros en moins de six mois. Sa décision a permis de le redresser. Mais il n'a jamais retrouvé son niveau de 36 euros...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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