Comment battre les Brokers Forex à leur propre jeu ?

Le price Shading est une pratique plus ou moins courante chez les brokers. Pour rappel (voir notre fiche sur le price shading), c'est une technique qui consiste, lorsqu'une paire est particulièrement entourée, à augmenter le spread entre les deux devises, en ajoutant un Pip ou deux à la cotation. Cela permet au broker d'obtenir un gain supplémentaire (il se rémunère sur les spreads), alors même qu'il sait que ses traders sont contraints d'accepter ce diktat s'ils ne veulent pas manquer une tendance qui est en train de se dessiner. C'est donc une sorte de chantage : rien à voir avec le bon vieux système de l'offre et de la demande, car il y a une sorte d'agrément entre le client et le prestataire sur la forme et le coût du service rendu et que cet agrément est bouleversé par le broker !

Rien d'illégal cependant : le Forex n'est pas un marché régulé, comme celui des actions, et les transactions s'y font de gré à gré, entre grandes banques. Les cours des devises sont diffusés par des systèmes privés, comme Reuters ou Bloomberg, sur la base des offres et des demandes confrontées par les différentes banques.

Les brokers forex ont accès à une ou plusieurs de ces banques pour assurer la contrepartie des opérations qu'ils assurent. Mais rien n'oblige les brokers à offrir à leurs clients les prix qu'ils obtiennent de leurs partenaires bancaires. La différence se fait, bien sur, toujours en défaveur du client : c'est pour le broker, une source importante de profit !

Si, par exemple, ils reçoivent l'euro à 86-87 sur 36, cela veut dire que leurs banques leur vendront l'euro pour 1,3687 et qu'ils leur achèteront pour 1,3686. Le broker proposera ensuite à ses clients un autre prix, qui inclura sa marge : il  vendra par exemple l'euro pour 1,3688 et le rachètera pour 1,3685 : son spread sera alors de 3 points. Un écart qui est très courant. Bien sur, tous les brokers surveillent aussi les flux d'ordres. S'il détecte une hausse forte du nombre d'ordre d'achat de ses clients, il pourra augmenter le nombre de pips qu'il leur prend.

S'il y a 100 acheteurs pour 100 vendeurs, et qu'il  prend un pip à chacun, il gagnera 200 pips. S'il y a 150 acheteurs et 50 vendeurs et qu'il prend 2 pips aux acheteurs et rien aux vendeurs, il se fera... 300 Pips. Le seul moyen pour un client de détecter ce "shading" est de disposer des cours disponibles sur Reuters ou Bloomberg. Ou se prendre un broker no-dealing desk, qui lui garantira un accès direct aux prix du marché.

Battre le broker à son propre jeu

Il n'y a pas que des mauvais cotés au price-shading ! Certes, votre broker n'est pas très fair-play, mais vous pouvez aussi utiliser cette pratique à votre avantage en théorie. Si, par exemple, vous constatez que les prix de votre broker sont systématiquement biaisés à votre désavantage, dans un sens ou dans l'autre, cela vous indique que la majorité des ordres qu'il gère vont dans un seul sens. Comme la quasi-totalité des ordres émanent de traders non-professionnels, c'est-à-dire les plus exposés à des mouvements perdants, il peut être intéressant de monter un trade inverse : vendre si le biais est acheteur et acheter s'il est vendeur. Il y a toutes les chances que vous ayez raison. 

De plus, comme le broker a mis en place un spread qui désavantage systématiquement les investisseurs qui ont suivi le mouvement général, c'est l'occasion pour ceux qui vont dans l'autre sens d'entrer dans le marché à de meilleures conditions. Bien sur, le broker sait que si le marché va dans la direction de la majorité des acheteurs, il risque de perdre. Mais généralement, il sait ce qu'il fait.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

Vous pouvez le joindre via les réseaux sociaux suivants ou par email :

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