Qu'est-ce que le « Price Shading » ?

Il faut le dire : certains Brokers ne jouent pas vraiment le jeu avec leurs clients. S'ils constatent que le cours d'une paire est sur une tendance haussière, ils ajoutent un Pip ou deux à la cotation, augmentant ainsi d'autant la marge qu'ils encaissent à chaque transaction… au détriment de leurs clients.

Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que le marché Forex est un marché interbancaire, où les spreads (les écarts entre la cotation des paires à la vente et à l'achat) sont fonction de l'offre et de la demande. Ces spreads servent notamment à rémunérer les intermédiaires (les brokers). Or, plus les volumes de transactions sont élevés, plus les fourchettes sont étroites. Et comme aucun organisme n'empêche tel ou tel broker d'augmenter ses marges, seul le jeu de la concurrence (s'ils demandent trop, les investisseurs choisiront un autre intermédiaire) met un frein à leur appétit.

Is Greed that good ?

C'est pourquoi lorsqu'une tendance se dessine sur une paire, il est tentant pour eux de vouloir en profiter, car ils sont à peu près surs que les investisseurs qui veulent tirer parti de cette tendance n'iront pas voir ailleurs, de peur de rater une occasion de faire des profits. Les brokers ajoutent donc un pip ou deux, lorsqu'ils en ont l'occasion, à ceux qu'ils ajoutent déjà au spread que leur proposent les banques auxquelles elles s'adressent. S'ils reçoivent l'euro à 89-90 de 32, cela veut dire que les banques leur proposent la vente d'euro à 1,3289 et leur achètent à 1,3290. Les brokers vont ensuite proposer l'euro, sur le site, à un prix différent, qui intégrera leur marge. Cela sera, par exemple, à 1,3288, pour la vente d'euro, et à 1,3291 pour l'achat d'euro. Le spread est alors de trois pips.

Mais si le broker détecte que le flot des acheteurs est nettement supérieur au flot des vendeurs, il peut détecter avant ses clients l'émergence d'une tendance. Il va donc en profiter pour augmenter légèrement le spread, à disons, 1,3289 pour le bid et à 1,3292 pour l'ask (l'achat). Il fait ce qu'on appelle du « Shading »… Dans le cas normal, s'il fait, disons, un Pip sur l'achat et sur la vente, il se fera 2000 Pips de profit s'il y a 1000 acheteurs et 1000 vendeurs (1x1000 + 1x1000). S'il constate qu'il y a, disons, 1500 acheteurs pour 5000 vendeurs, il détectera une tendance et pourra « shader ». Il passera alors à 2 pips pour les acheteurs (et aucun pour les vendeurs). Cela lui fera 3000 pips de gains (2x1500, 0x500). 50% de gain en plus… mais pour lui, pas pour son client qu'il aura en quelque sorte « tondu ».

Comment détecter le Shading ?

On détecte le « Price shading » en comparant les cours entre brokers. Tout simplement. Ce n'est pas forcément simple. En effet, certains brokers offrent ce qu'on appelle le « no dealing desk », un service qui permet, sur le papier, d'avoir un accès direct aux cours interbancaire. Leur argument est qu'ils servent mieux le client que les autres, car ils ne se rémunèrent pas sur un écart de Pip, mais par une commission. A priori, voilà ce qu'il me faut, vous direz-vous, car c'est plus clair et cela évite les manipulations sur les spreads et donc le « shading ».

Oui, mais en réalité, le « no dealing desk » est une appellation qui prête à confusion. Car cet accès aux cotations du marché interbancaire ne concerne en réalité que les ordres de taille « interbancaires » (en dizaines et en centaines de millions de dollars) et en aucun cas les micro-deals des particuliers.

Les brokers affichant un no-dealing desk doivent alors recourir à du « market-making », autrement dit avoir la capacité de fournir des cotations quel que soit l'état du marché : du coup, ils font leur propre cotation. C'était justement ce qu'ils reprochaient aux brokers qui n'offraient pas de « no dealing desk » ! Il s'agit donc souvent d'un argument marketing. Très efficace mais pas toujours pertinent. N'allez pas croire, après cet exposé, que tous les brokers exploitent leurs clients : ils offrent un réel service, souvent très complet, et doivent bien être rémunérés pour cela. En finance comme ailleurs, personne ne rase gratis !

Alors, la meilleure arme pour contrer le Price shading reste le bon vieux comparatif. Il faut surveiller les cours et les spreads entre différents courtiers. Si vous constatez que votre broker offre des cours constamment plus élevé à l'achat et plus bas à la vente par rapport aux cours interbancaires, c'est qu'il a tendance à faire du « shading ». Signalez-le lui et, s'il persiste, allez voir ailleurs !

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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