L’effet Fisher : un modèle original de taux de change.

Dans les années 30, l'économiste Irving Fisher met au point un modèle de change baptisé International Fisher Effect (IFE), qu'il utilise pour prévoir les mouvements des devises sur le marché spot. Il s'est intéressé aux variables qui influent vraiment sur le taux de change : sa conclusion est assez simple. La variation des devises dépend du différentiel d'intérêt, lui même égal au différentiel d'inflation anticipé. Autrement dit, sur le long terme, les effets des arbitrages financiers s'estompent puisque les rentabilités réelles des investissements s'égalisent au plan international. Elle montre aussi qu'une accélération du taux d'inflation d'un pays causera à terme une augmentation égale de son taux d'intérêt.

Un modèle qui remonte au 18ème siècle

C'est un modèle monétaire du change, une théorie ancienne, aussi appelée théorie monétaire de la balance des paiements. Une théorie qui remonte à l'économiste Hume, qui au 18ème siècle reprochait déjà aux mercantilistes d'ériger l'excédent commercial en objectif de politique économique, alors que selon lui, cet excédent extérieur ne saurait durer. En effet, il doit entraîner de telles entrées de métaux précieux que la masse monétaire finit par être supérieure au total des biens et services produits par le pays. L'inflation qui en résulte dégrade alors la compétitivité jusqu'à la disparition du déséquilibre créé.

On voit le lien évident avec la mesure relative des devises à travers la PPA (Parité de pouvoir d'achat), qui peut être considérée comme un moyen de mesurer le pouvoir d'achat entre deux monnaies avec la même notion d'équilibre dynamique. Une monnaie sous-évaluée selon la PPA sera plus demandée que les autres et son prix augmentera progressivement jusqu'à ce que le PPA soit rétablie.

Cela implique qu'une hausse (ou une baisse) relative de la masse monétaire par rapport au reste du monde engendre une dépréciation (ou une appréciation) de cette devise par un ajustement à la hausse (ou à la baisse) des prix domestiques. De la même façon, une hausse (ou une baisse) du taux d'intérêt national fait perdre de sa valeur à la devise car cette hausse (ou cette baisse) trahit des anticipations de dépréciation (ou d'appréciation). Une théorie vérifiée à long terme, et à court terme, pourvu qu'on tienne compte de ce qu'on appelle le sur-ajustement du change.

Inflation et taux : l'exemple de deux pays

Voici deux pays ayant connu, entre 1975 et 2000, des expériences différentes d'inflation et de taux d'intérêt. On le voit, les taux d'intérêt y suivent de près (mais un peu au-dessus) les taux d'inflation, quelle que soit la situation du pays : forte (Italie) ou faible (Suisse) inflation.

 

Comment fonctionne concrètement l'IFE ?

Supposons que la parité du EUR/USD soit de 1,3365 et que le taux d'intérêt courant aux USA de 1 et de 2% pour l'Union. L'IFE prévoit que le pays avec le plus fort taux d'intérêt va voir sa monnaie se déprécier. Et calcule la future parité de cette façon : 1,3365 X (1,02/1,01) = 1,3498. Autrement dit la parité de l'Eur/USD devrait monter à 1,3498 et l'USD/GDP tomber à 0,7409, car c'est le point ou tous les investisseurs obtiendront le même rendement moyen. L'investisseur en USD, avec un taux d'intérêt aura un rendement inférieur, mais il sera compensé par l'appréciation de sa devise…

Aujourd'hui, l'IFE voit son fonctionnement perturbé par deux choses. D'abord, les écarts de taux d'intérêt et leurs changements ne sont plus aussi forts que par le passé. Ensuite la politique des banques centrales a changé. Elles s'attachent davantage, désormais, à maintenir l'inflation que les taux d'intérêt. Et c'est le CPI (consumer price index) qui détermine, au final, le taux d'intérêt. L'IFE est donc un instrument intéressant pour bien comprendre les relations attendues entre taux d'intérêt, inflation et parité de devises et à ce titre, il mérite toute votre attention. Mais il vous sera de peu d'aider pour vous aider dans vos trades de tous les jours !

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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