Trader le hit-parade des plus gros "loosers"
En janvier 2013, l'ex-trader Boris Picano-Nacci était condamné à deux ans de prison avec sursis et au remboursement de... 350 millions d'euros à son ancien employeur, la Caisse d'Epargne. Les juges avaient estimé que le trader n'avait pas suivi les règles de sa direction en exécutant des ordres de trading très risqués et en profitant des faiblesses du système de contrôle. La banque avait en effet stoppé ses activités de spéculation sur fonds propres depuis plusieurs mois lorsque le trader avait avoué ses pertes et présenté sa démission en octobre 2008. A l'époque les Caisses d'épargne avaient estimé avoir perdu 751 millions d'euros. Boris Picano-Nacci, lors de son procès, avait affirmé qu'il n'était pas conscient d'enfreindre les règles ! Mais il avait - tout de même - reconnu que ses investissements étaient... hasardeux. Surtout à l'époque (en 2008), en pleine crise financière.
Comme lui, beaucoup d'autres traders ont franchi la limite. En 2011, par exemple, un trader (dont le nom est resté secret) faisait perdre ... 1,6 milliard d'euros à la banque suisse UBS. Mais, au hit-parade des plus mauvais Traders de la planète, la France est plutôt bien représentée, grâce au célèbre Jérôme Kerviel. A lui seul, il affiche plus de 4,8 milliards d'euros de pertes au compteur ! Voila son histoire, ainsi que celle de ses collègues, les plus gros "loosers" au monde !
N° 4 Nick Leeson, l'as du Nikkei - 1 milliard d'euros de pertes
Nick est l'auteur d'un livre, fort justement intitulé "Rogue Trader" (qu'on pourrait traduire par "Trader sans scrupule" ou "Trader Voyou"). En 1992, il figurait pourtant parmi les meilleur traders du monde, jusqu'à prendre en charge, 28 ans seulement, les opérations de change à Singapour de la vénérable banque britannique Barings ! Mais sitôt en charge de ces opérations, le trader vedette se mit à perdre. A perdre beaucoup. Mais comme il était à la fois le chef des opérations et son propre contrôleur, il mis au point une ruse assez grossière, mais qui fit illusion assez longtemps : il créa un compte fictif, auquel il donna le numéro 88888, qui compensait ses pertes.
En 1995, il fit l'erreur de trop, en plaçant un stellage à découvert sur le Nikkei. Un stellage à découvert est une opération complexe, appelée aussi "short Straddle", qui consiste à vendre simultanément, pour le même sous-jacent, des options d'achat et des options de vente ayant des dates d'échéance et des prix de levée identiques. C'est une opération à risque, qui supposait que le marché ne décale pas trop dans la séance. Hélas pour Nick Leeson. il avait placé son ordre la veille du tremblement de terre sur Kobe, une événement énorme qui fit chuter le Nikkei. pour tenter de se refaire, Leeson pris alors des positions encore plus hasardeuse, pariant sur une reprise rapide du marché après son plongeon. Ce quin'arriva pas, bien sûr... Total pour la banque ? L'équivalent de plus d'un milliard d'euros de pertes. La Barings, qui avait financé la guerre contre Napoléon 1er, était coulée. Le Rogue Trader Nick Leeson fut condamné à 6,5 ans de prison, mais en sortit en 1999 pour conseiller l'équipe de foot de Galway, en Irlande, dont il est aujourd'hui président.
N° 3 Yasuo Hamanaka, dit Mister Cuivre - 1,8 milliard d'euros de pertes
Yasuo Hamanaka, trader de la banque Sumitomo, avait gagné le surnom de Mr Copper ("Monsieur Cuivre") en trader des milliards de dollars sur le cuivre. Il aurait contrôlé jusqu'à 5% du marché mondial de ce métal, jusqu'à sa chute, en 1996. Entre 1986 et 1996, il a aisni tenté de réaliser un corner sur le cuivre, c'est à dire de contrôler tous les stocks et tous les contrats, de façon à faire artificiellement monter le prix de cette matière première, et de dicter sa loi sur le marché.
Mais cela a explosé en plein vol. La Sumitomo finit par déclarer l'équivalent de 1,8 milliard d'euros de pertes. Quant à Mr Cuivre, qui aurait, dit-on, imité la signature de son supérieur pour faire passer ses ordres d'achat colossaux, il fut condamné à 8 ans de prison mais libéré en 2005. Il vit maintenant à Kawasaki, un quartier de Tokyo, et refuse catégoriquement de se méler à nouveau des affaires financières...
N° 2 Brian Hunter, le magicien d'Amaranth - 4,8 milliards d'euros de pertes
Comme souvent, cela commence par des gains fabuleux. Brian Hunter n'a pas échappé à la règle : ses gains sur le marché des Futures de Gaz furent... fabuleux. Il faut dire que l'a nature l'avait aidé : ce trader avait commencé en 2001, à la Deutsche Bank america en multipliant les contrats gagnants. En 2003, il rejoignait Amaranth, un hedge-fund du Connecticut. L'amarante, comme chacun sait, est une fleur rouge qui donne une teinture permanente, c'est depuis la Grèce, le symbole de l'éternité. Tout partait donc bien pour Brian et Amaranth. D'autant mieux qu'en arrivant en 2005, Brian Hunter se mit à acheter beaucoup de contrats d'achat sur le gaz. Les prix étaient alors raisonnables.
Mais ils se mirent soudain à grimper lorsque l'ouragan Katrina détruisit une partie des infrastructures du pays et rendit plus rare l'énergie. Il n'en fallait pas plus pour attirer les investisseurs qui se dirent que ce gars-là avait un main en or et qu'il allait transformer leurs dollars en millions de dollars. Hélas, ses "coups" n'étaient que des "coups" : il n'y avait pas de martingale, même lorsqu'il tenta de manipuler les cours et de dissimuler ses pertes. Le 14 septembre 2006, sa pire journée, lui et son fonds Amaranth perdirent l'équivalent de 450 millions d'euros. et à la fin de l'année 2006, son compteur de pertes affichait presque 5 milliards d'euros ! Aujourd'hui, il est retiré et pêche la truite dans les lacs du nord de l'Amérique...
N° 1 Jérôme Kerviel, le "trader fou" de la Générale - 4,8 milliards d'euros de pertes
C'est, de loin, le top-looser. Il a fait perdre à sa banque, la Société Générale plus de 4,8 milliards d'euros en janvier 2008 en spéculant sur les contrats à teme d'indice d'actions (notamment le Dax allemand). Ses positions s'étaient élevées, à l'époque, jusqu'à 50 milliards d'euros, une somme bien plus élevée que les fonds propres de la banque ! C'est à ce jour, les pertes les plus élevées jamais causées par une fraude de trader à un établissement financier. Il fut condamné à trois ans de prison en 2010 et à rembourser la banque des pertes subies (!). Après son arrestation, il trouva un emploi à la société de consultant informatique Lemaire & Associates, grâce à l'intervention de son avocat.
En mai 2010, il publie ensuite un livre, l'engrenage : mémoires d'un trader, chez Flammarion. Il y expose la thèse qui est la sienne depuis lors : il n'était pas le seul trader à prendre des risques alors que ses supérieurs fermaient les yeux sur leurs prises de position excessives. En juillet 2013, il était finalement débouté de toutes ses demandes auprès des prud'hommes : il réclamait un expertise sur les pertes qui lui étaient imputées par la Société Générale. Il est vrai qu'avec le salaire qu'il gagnait auprès de Lemaire et Associés, il mettrait du temps à combler le trou qu'il avait creusé !
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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader
Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.
Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.
Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.
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