Comment profiter des interventions des Banques centrales ?

Comment gagner plus de 1000 dollars en quelques minutes ? C'est simple : prenez 2000 euros de deposit, et investissez 100 000 euros sur l'euro/dollar EUR/USD et… attendez. Prenons par exemple début 2013. Un jour ordinaire, où, en quelques minutes, l'EUR/USD passe de 1,34132 à 1,35082 euro. Le P&L (ligne de pertes et profits) du compte passe, du coup, de quasiment rien à 1000 euros. C'est le reflet d'une situation qui dure depuis quelques mois : le renforcement de l'euro face au dollar. Ou plutôt la poursuite de la glissade du dollar face à l'euro. Une glissade qui n'a rien de fortuit : c'est une politique savamment orchestrée par la Réserve Fédérale, qui inonde le pays de dollars et compte ainsi relancer la croissance.

Vous trouverez aussi, ci-dessous, un graphique, retraçant l'évolution de l'EUR/USD en fonction des déclarations des autorités politiques et monétaires européennes. Comme on le voit, les déclarations ne sont pas le seul facteur influençant les mouvements des devises, mais elles y contribuent beaucoup. 

Troisième cas : l'exemple japonais. A partir de novembre 2012, les traders ont aussi pu profiter des changements de parité du Yen, provoqués par les déclarations du futur premier ministre du pays, Shinzo Abe (élu le 16 décembre), qui promettait une série de mesures de relance budgétaire. Cela a contribué à affaiblir le cours du yen face aux grandes monnaies des économies concurrentes, permettant au pays de retrouver un peu de croissance économique.

Pourquoi intervenir ?

Les monnaies sont évaluées de deux façons : par le marché, par le biais de l'offre et de la demande. C'est ce qu'on appelle un taux de change flottant. C'est donc le marché qui régule lui-même la valeur de la monnaie du pays par rapport à celles des autres pays avec lesquels il entretient des échanges économiques.

La seconde méthode consiste pour les gouvernements (ou leurs banques centrales) à fixer eux-mêmes la valeur de leur monnaie par rapport à celle d'autres pays (généralement le dollar). C'est ce qu'on appelle un taux de change fixe. C'est ce que font certaines économies comme la Chine, ou quelques pays communistes (Cuba, Corée) ou à parti unique (Algérie).

Dans le premier cas, la banque centrale n'a normalement pas à intervenir. Elle doit simplement ajuster au plus près le taux d'intérêt auquel elle prête aux banques lorsque celles-ci viennent se refinancer, au plus près de la réalité de la situation économique. Or, il se trouve que pour des raisons techniques ou politiques, la banque centrale n'a pas toujours une bonne vision des équilibres réels. Il se peut donc qu'elle fixe un taux trop élévé ou trop faible. Dans le premier cas, elle renforce l'attractivité de sa devise, réduit la quantité de monnaie en circulation, et au final la valeur de sa monnaie par rapport à celles de ses concurrents, dans l'autre, elle diminue son attractivité, relance l'investissement et la consommation à travers le crédit facile et diminue la valeur de sa monnaie…

Il se peut aussi que le marché réagissent sur-le-champ à un événement inattendu (guerre, catastrophe, déclarations surprenante…) et que l'équilibre offre/demande ne permette pas une adaptation rapide de parités. C'est à ce moment-là que l'intervention des banques centrales devient nécessaire. Ainsi, entre 2000 et 2003, la banque du Japon est intervenue massivement pour éviter une montée du yen face au dollar. En 2002, la BoJ a ainsi dépensé 33 milliards de dollars pour tenter de maintenir le Yen à un niveau jugé raisonnable par les grands exportateurs nippons… sans beaucoup de succès.

Les astuces à connaitre

Les interventions des banques centrales et des gouvernements n'ont pas toutes la même portée ni la même ampleur. Elles obéissent cependant à quelques règles qu'il vaut mieux connaitre.

Les interventions se déclenchent généralement toujours autour du même niveau de parité. Dans le cas de l'USD/JPY, c'est souvent autour de celui de 115 yens pour un dollar.

Les interventions sont souvent seulement verbales. C'et la plupart du temps suffisant. Les traders et les entreprises prennent peur et interrompent leurs opérations spéculatives, de peur d'être pris à contrepied. Mais ces déclarations ne doivent pas être faites en vain. Si les autorités ne font pas suivre d'effets leurs menaces (comme cela a longtemps été le cas au Japon), les opérateurs finissent par s'y habitué et reprennent leur habitudes, comme avant ! Certains analystes, à la Société générale, à BNP Paribas, Goldman Sachs et Deutsche Bank suivent ces déclarations de près : consultez régulièrement leurs écrits pour les surveiller.

Il faut savoir s'arrêter. Les traders ont tout intérêt à poser des stop-loss et à couper leurs positions dès qu'un certain niveau de gain est atteint. Ce niveau sera –ce n'est pas un hasard- très proche de ceux qui ont déclenché dans le passé des interventions.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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