Comment les banques centrales constituent leurs réserves ?

Une réserve de change est une devise détenue en grande quantité par l'état. Elle servait, à l'origine, à régler les quantités de biens achetés à l'étranger. Le montant de réserves détenu dépend donc, en théorie, de la ou des monnaie(s) dans laquelle (ou lesquelles) les échanges se font. C'est pourquoi les états détiennent généralement un nombre limité de devises différentes. Il s'agit principalement de celles dans lesquelles s'expriment les cours de produits comme le pétrole, l'or et l'argent. Le dollar est la première devise de réserve des grandes économies, suivi par l'euro

En modifiant la quantité de devise étrangère qu'il détient, autrement dit en diminuant ou en augmentant ses réserves d'une devise en particulier, un pays peut peser sur la demande et l'offre de sa propre monnaie et ainsi faire bouger les taux de change. Les réserves de changes permettent par exemple d'absorber un choc extérieur, de soutenir sa propre devise alors qu'elle est attaquée ou de la laisser filer alors qu'elle est très recherchée. Bref, de piloter sa politique monétaire, sans avoir à agir sur la quantité de monnaie qui est injectée dans son économie.

La banque centrale du pays peut détenir directement les devises en question. Elle peut aussi ne (presque) rien détenir et se contenter de s'assurer que les banques commerciales conservent une certaines partie de leurs fonds en réserve. Cette partie peut varier en fonction des besoins des décisions des gouverneurs de chaque banque centrale. 

Fin 2013, selon les statistiques publiées par le Fonds monétaire international (FMI), les réserves de change de l'ensemble des banques centrales s'élevaient (hors Chine, qui publie des chiffres sujets à caution) à plus de 10 770 milliards de dollars. Soit l'équivalent (même s'il s'agit de stocks, et pas de flux) de trois journées d'activité Forex ! La part du dollar, en reflux historiquement devant l'euro, a paradoxalement augmenté au cours des derniers mois. En effet, la plupart des pays émergents, qui se débattent face au ralentissement de la croissance mondiale des échanges, de la baisse des cours des matières premières et de la montée du chômage dans leur économies, sont engagées dans une course à la compétitivité qui les pousse à faire baisser le cours de leur propre monnaie. pour cela, elles achètent massivement des dollars. Parallèlement, les difficultés des pays de la zone euro les ont incités à limiter leurs achats de monnaie européenne. 

L'euro en retrait

Les pays développés ont aussi été sensible à ces difficultés, comme par exemple la Suisse : la Banque nationale suisse qui, jusqu'alors, vendait des francs suisses pour acquérir des euros et maintenir sa monnaie au cours plancher de 1,20 franc suisse par euro, a ensuite vendu ses euros et a préféré acquérir des livres sterling. « Le mouvement de long terme (sur une décennie) de diversification des réserves de change, hors du dollar et au profit de la monnaie unique, s'est momentanément arrêté, ce qui profite au billet vert », constate Gareth Berry, de la banque UBS. Depuis un an, de fait, le poids de l'euro a diminué de 28 % à 27,2 % dans les placements des banques centrales des pays émergents, et de 25 % à 23 % pour leurs homologues des pays développés. Cela traduit plus une certaine méfiance qu'un désaveu.

Les autres devises sont stables dans les réserves des banques du monde entier, toujours selon les chiffres du FMI. La devise japonaise, par exemple, ne représente pas plus de 3,5% des réserves mondiales. Contrairement aux banques centrales des pays développés, les instituts des pays émergents ne sont plus, "comme en 2009-2011, des acheteurs réguliers", note une analyse de BNP Paribas.

Quant aux « autres devises » dans la classification FMI, elles incluent des monnaies comme le dollar australien, le dollar canadien et le dollar néo-zélandais. Leur total ne représente pas plus de 5 % des avoirs déclarés des banques centrales.

 

Répartition par devises des réserves de change

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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