Comment utiliser le Carry Trade à son profit ?

Depuis les années 80, cette technique de trading a connu un grand succès. Elle consiste tout bonnement à acheter une devise ayant un taux d'intérêt élevé, en finançant cet achat grâce à une devise à taux bas ou nul. Les paires les plus appropriées à cette stratégie ont longtemps été le dollar australien contre le Yen japonais (AUD/JPY) car ces deux devises avaient un spread très élevé.

Apprendre à manier le Carry Trade est simple. En apparence. Car à la fin des années 2000, les mouvements des monnaies entre elles et l'éclatement de bulles sur les marchés actions ont pris de court une grande majorité des traders et ont causé une véritable panique sur les marchés. Quand et comment utiliser le Carry Trade?

Quand jouer le Carry trade?

C'est une stratégie qui ne fonctionne que dans deux cas.

Quand les banques centrales augmentent leur taux d'intérêt : Profiter du Carry Trade est intéressant lorsque les banques centrales augmentent leur taux ou vont le faire. Cela permet de jouer non seulement un spread croissant de taux d'intérêt, mais aussi e profiter d'une appréciation de la devise dans laquelle on a investi. Car un taux qui monte, c'est la promesse pour les capitaux d'être mieux rémunérés : ceux-ci affluent alors vers la devise, qui se renforce par rapport aux devises qui n'ont pas modifié leur taux. L'effet est plus intéressant au moment du déclenchement du mouvement : c'est pour cela qu'il vaut mieux être  à l'écoute de toutes les déclarations gouvernementales ou des autorités monétaires du pays en question. Grâce à l'effet de levier, le mouvement d'une monnaie permet d'encaisser rapidement des bénéfices substantiels.

Quand, sur des marchés statiques, les opérateurs cherchent le rendement : Quand la volatilité est basse, que les marchés ne sont pas directionnels, les gestionnaires de fonds recherchent du rendement, et, éventuellement aussi des plus-values. Pour cela, ils sont prêts à prendre plus de risques. Le Carry Trade offre un terrain d'évolution rêvé pour cela : un marché gigantesque, des évolutions lentes, un pouvoir d'action multiplié par l'effet de levier et.... de très alléchants spreads de taux entre devises !

Quand faut-il éviter le Carry Trade?

Il y a trois circonstances principales où le Carry Trade devient très dangereux pour les traders.

Quand les banques centrales réduisent leurs taux. Pour qu'un Carry Trade se passe sans fausse note, l'idéal est que les parités des monnaies ne se modifient pas. Car ce qui intéresse au plus haut chef les traders, c'est le spread de taux, mais la variation des devises. Mais quand une banque centrale décide, pour freiner l'inflation et doper la croissance d'un pays de baisser ses taux d'intérêt, il y a de fortes chances que les flots de capitaux à destination de ce pays diminuent, car les opérateurs seront moins tentés par une devise qui rapporte moins. Dans ce cas, celui qui a acheté cette devise se trouve devant une double peine : non seulement le taux d'intérêt sur lequel il comptait s'effrite, mais en plus la valeur de la devise par rapport à celle dans laquelle il a emprunté se réduit ! Dès que la chute de la devise dépasse, en pourcentage, le spread de taux entre celle-ci et la monnaie dans laquelle le trader a emprunté, l'opération est perdante. Cela peut donc aller très vite! Et très fort : n'oubliez pas que vous êtes en effet levier : votre déposit peut être dévoré en quelques minutes...

Quand les banques centrales impriment massivement du papier: c'est une situation assez rare, mais qui tend à se banaliser depuis 2009. Certaines banques centrales, pour empêcher leur devise de monter, ou pour la faire descendre contre une autre (et ainsi favoriser une reprise des exportations) interviennent massivement en injectant de la liquidité sur le marché. Le marché comprend aussitôt qu'en ayant d'argent disponible pour acheter la même quantité de biens, le pays procède en fait à une dévaluation masquée de sa devise. C'est la situation actuelle de beaucoup de pays occidentaux. En premier chef les Etats-Unis, qui ont imprimé depuis 2008 plus de 6000 milliards de dollars supplémentaires. Et du Japon, qui empile les plans de relance budgétaires pour tenter de dégripper son économie.

Cela a aussi été le cas de la Suisse, dont l'orthodoxie budgétaire et la solidité ont séduit beaucoup de gestionnaires et qui s'est trouvé avec une monnaie tellement forte (notamment contre l'Euro) qu'elle a du prendre des mesures pour éviter le naufrage de son industrie, empêchée d'exporter à cause d'un Franc trop solide! Le tout, lorsqu'on s'est engagé dans un Carry Trade est de pouvoir réagir rapidement à une mise en garde du gouverneur de la banque centrale ou du gouvernement du pays en question.

Afin d'éviter de se retrouver dans la pire situation : avoir emprunté dans une devise forte qui est en train d'augmenter ses taux pour investir dans une devise faible qui est en train de les baisser! Cela explique pourquoi de plus en plus de traders ont recours à des paniers de paires : cela leur évite de trop dépendre des décisions politiques d'un gouvernement ou d'un autre. Il est même possible -certains brokers le proposent- de jouer sur des sensibilités croisées pour perfectionner son montage...

Quand les marchés sont en sell-off. Depuis 2008, on sait aussi qu'il y a une autre occasion où le Carry Trade n'est pas recommandé : les cas de Sell-Off. Ce sont ces moment de panique sur les marchés, tels celui qu'on a connu lors de la crise des subprimes. Le Carry Trade a besoin d'un marché stable (faible volatilité) ou légèrement directionnel (c'est à dire qui permet des anticipations raisonnables). Et surtout pas la manique qu'ont connu les marchés en 2008. Il suffit de se rappeler de la chute de 45% du AUD/JPY et d'imaginer l'effet qu'une telle glissade peut avoir eu sur des portefeuilles leveragés ! 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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