Le « gearing », vrai thermomètre de la dette

Fin 2011, le plasturgiste Plastivaloire publiait un communiqué annonçant de très bons résultats, quintuplant son bénéfice net pour son exercice 2010/2011.

Le fabricant de pièces détachées pour l'automobile avait déjà annoncé une augmentation de 56% de son chiffre d'affaires, grâce à l'intégration de Bourbon. Grâce à la vigueur de la demande et de la génération de cash-flow, le groupe avait pu diminuer son endettement. Sa dette financière nette était de 59,6 millions pour des capitaux propres de 159 millions d'euros. Ce qui donnait un taux d'endettement net de 37,3%, en net retrait par rapport aux 40% du début 2011.

On le voit, le taux d'endettement net (appelé « gearing » chez les anglo-saxons) est un élément essentiel du diagnostic de la santé des entreprises. Il est obtenu en calculant le rapport Dettes financières/fonds propres. Les dettes financières nettes sont calculées en additionnant la dette financière à long terme et à court terme, dont on soustrait la trésorerie.

Le bon niveau de Gearing dépend du secteur

Quel est le bon niveau de Gearing ? Il va dépendre du secteur : le secteur industriel mobilisera davantage de moyens pour investir. Et du moment : une entreprise qui vient d'en racheter une autre voit son endettement exploser, mais le cash-flow généré par son activité peut lui permettre de rembourser rapidement. C'est donc un ratio qui doit être comparé à celui d'autres entreprises du secteur ou de manière historique, sur plusieurs exercices de l'entreprise.

Toutes les sociétés ont besoin d'investir. Lorsqu'elle n'ont pas les moyens de le faire en puisant dans leur trésorerie, elles doivent se tourner vers deux solutions : soit l'augmentation de capital, qui permet de lever des capitaux sans coût, mais avec le risque de perdre une partie du contrôle sur le capital, soit par la souscription d'une dette qui peut se faire en passant par le marché boursier (obligations) ou par un établissement financier (emprunt). 

Le graphique ci-dessous, qui s'arrête hélas à 2008, car l'Insee n'est pas capable de collecter des données plus fraîches, montre comment l'endettement net des entreprises françaises a évolué au cours des dernières années...

Il existe un gearing minimum

L'endettement a un coût. Il y a donc un équilibre à trouver entre la nécessité de financer sa croissance, en recourant, le cas échéant à l'endettement, et l'impératif de maîtrise des coûts financiers liés aux intérêts versés par l'entreprise à ses préteurs. Les entreprises doivent donc utiliser, dans une certaine limite, le levier de l'endettement pour investir, car il mobilise moins de moyens que l'autofinancement total et leur permet d'investir beaucoup plus.

Jusqu'où ? Il existe, de façon couramment admise, un gearing minimum. Celui-ci doit être d'au moins 30% de capitaux propres. Un gearing moyen est plutôt d'environ 50%. Au-delà de 66% on considère qu'on atteint une zone de danger. Mais certaines activités, comme les opérateurs téléphoniques, dont la génération de cash-flow est élevée peuvent aller bien au-delà...

L'utilisation du gearing a aussi ses limites.

IL ne tient pas compte de la dette convertible. Certes, si tout va bien, cette dette sera convertie vraisemblablement en actions, ce qui ne perturbera pas le gearing mais diluera les bénéfices). Mais si les perspectives sont mauvaises, les porteurs de convertibles préféreront les transformer en obligations, alourdissant la structure de la dette.

C'est pourquoi de nombreux investisseurs doublent le gearing par un autre indicateur, assez pertinent, qui est la couverture des frais financiers. Il est calculé en rapportant le résultat d'exploitation aux frais financiers nets. S'il passe en dessous de trois, la société atteint une zone de danger...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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