Le Résultat courant : un bon indicateur de solidité

Souvent, les actionnaires se focalisent sur deux postes du compte de résultat : le résultat d'exploitation, qui permet de mesurer la capacité de l'entreprise à générer une activité positive, et le résultat net, à partir duquel va être calculé le dividende.

Pourtant, il est important de se pencher sur le résultat courant avant impôt. Car celui-ci permet de mesurer la rentabilité récurrente de l'entreprise. En effet, ce poste représente le résultat d'exploitation, moins le résultat financier (différence entre produits financiers et charges financières)

Autrement dit, il s'agit de la somme des produits d'exploitation et des produits financiers, moins les charges d'exploitation et les charges financières. Ces charges et ces produits financiers peuvent varier fortement d'un secteur à l'autre : une entreprise industrielle, qui a besoin de remplacer des machines-outils, a souvent besoin de s'endetter fortement. Cela générera forcément des charges financiers et, dans la plupart des cas, des pertes financières.

L'exemple de la Grande distribution

Au contraire, un grand distributeur, comme Carrefour ou Casino, qui n'a pas procédé à des rachats récents de concurrents, génère souvent des produits financiers importants. En effet, les entreprises du secteur de la grande distribution sont payées comptant par les consommateurs, qui achètent les produits disponibles dans leurs magasins.

En revanche, ces mêmes distributeurs peuvent payer, eux, leurs fournisseurs avec un délai. C'est ce qu'on appelle en comptabilité un « Besoin en Fonds de Roulement Négatif », autrement dit une génération de cash. Cette trésorerie, placée, va générer des résultats financiers importants, qui vont doper les produits financiers et perturber l'analyse de la rentabilité de l'activité.

Il faut donc procéder avec prudence et observer sur plusieurs années l'évolution de ce résultat courant, en tenant compte du secteur. Il faudra aussi tenir compte des éléments qui viennent perturber ce résultat, comme les charges (et les profits) exceptionnels.

Il est devenu d'autant plus important que les normes IFRS ont accentué le poids de ces éléments exceptionnels dans le résultat net. Ce qui fait que certaines sociétés, qui affichent des résultats négatifs, peuvent très bien avoir une santé florissante : elles sont tout simplement été contraintes de passer en pertes des éléments de leur bilan particulièrement lourds.

L'exemple d'Axa

En 2010, l'assureur annonçait un résultat net en baisse de 26%, à 2,7 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 91 milliards d'euros.

Une lecture attentive du compte de résultat révélait néanmoins que le groupe avait du passer une perte exceptionnelle de 1,6 milliard d'euros suite à la vente de son activité assurance vie au Royaume-Uni. Sans cet élément perturbateur, le résultat net du groupe aurait non pas baissé de 26%, mais au contraire augmenté de 18%, à 4,4 milliards d'euros.

Les investisseurs au jugement trop hâtif peuvent objecter que cette charge exceptionnelle est quand même à prendre en compte, car c'est bien elle qui au final cause la baisse des résultats. Ils n'ont pas tort et leur jugement comptable est juste. Mais ce n'est pas le point de vue de la majorité des actionnaires.

Ils sont au contraire conclu que la rentabilité de l'assureur s'était améliorée, abstraction faite de cet élément exceptionnel, et qu'on pouvait donc renforcer sa position. C'est en tous cas ce qui ressort de la progression soutenue du titre Axa (+3 ,87%) à l'annonce, le 17 février 2011, de ses résultats annuels.

Une baisse du résultat net n'est donc pas toujours à interpréter, du point de vue boursier, comme une mauvaise nouvelle. Avant de juger, il faut bien vérifier si le résultat courant s'améliore d'une année sur l'autre.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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