Le Peg d'une devise, utile ou pas ?

Le modèle chinois a montré tous les avantages qu'un pays peut avoir à arrimer sa monnaie à celle de son principal client. En quelques années, le pays s'est transformé. Et il a connu depuis 1978, une croissance économique moyenne de 9,9%, ce qui lui a permis d'améliorer formidablement les conditions de vie de sa population. Et ce qui a fait de lui, depuis 2012, le premier commerçant du monde, devant les Etats-Unis, avec un volume d'échanges de 3870 milliards de dollars (2900 milliards d'euros). « A ce rythme, » explique l'économiste Jim O'Neill de Goldman Sachs, « beaucoup de pays européens vont davantage faire du commerce avec la Chine qu'avec d'autres partenaires européens d'ici la fin de cette décennie. »

Ces succès économiques sont largement dus à l'arrimage (on parle de "peg" en anglais) du Yuan sur le dollar. Quels sont les avantages (et les inconvénients) de "pegger" sa monnaie sur une autre devise. Petit rappel du pour et du contre...

Les avantages du "peg"

Le Peg est un bon instrument pour développer ses exportations. Cela permet de maintenir un taux de change avantageux (c'est à dire bas). Cela soutient la compétitivité des biens qu'on exporte : grâce à ce lien, les brosses à dent (ou les composants pour fabriquer un Ipad...) coûteront dix fois moins cher à produire en Chine qu'aux Etats-unis. De plus, lorsqu'elles rapatrient le fruit de leur exportations dans leur monnaie locale, les sociétés chinoises, qui bénéficient alors du taux de change avantageux du dollar en Yuan, peuvent augmenter considérablement leur profit. Il s'agit donc d'un double avantage...

L'autre avantage, et non des moindres, c'est que le "Peg" permet de protéger sa propre économie des variations de change. En 2008, on a ainsi vu la Chine, qui craignait les effets de la contagion de la crise financière mondiale, revenir à un taux de change fixe. Ce qui lui a effectivement permis de passer à travers la crises sans connaître de problème majeur...

Les inconvénients du "Peg"

Les pays qui ont choisi ce type d'arrimage de leur devise doivent aussi en payer le prix car le "Peg" doit être défendu. Et comme le gouvernement (ou la banque centrale) doit sans arrêt acheter ou vendre des devises étrangères pour maintenir cette parité, cela réclame de large quantités de réserves de change.

Vous souvenez-vous de la crise de la livre sterling, dans les années 90, lorsque la Banque d'Angleterre avait perdu des milliards en soutenant la livre, alors que sa parité ne reflétait plus l'état de son économie et de ses relations commerciales avec le reste du monde ? Et bien, la Chine a failli connaître le même sort en 2010, mais... dans l'autre sens. A cause de son Peg avantageux, le pays s'est en effet retrouvé, à partir de ces années-là, avec des quantités colossales de devises, et notamment de dollars, dans ses réserves.

Début 2011, le pays avait plus de 2 800 milliards de dollars de réserves (deux fois plus que le Japon). Depuis début 2013, le pays en a encore plus : 3 300 milliards de dollars. Cette abondance de réserves peut conduire à la création d'inflation, un problème très inquiétant pour ses dirigeants qui veulent avant toutes choses que le pays reste stable. Et qui peut aussi les conduire à mal utiliser ces surplus : par exemple en achetant des bons du trésor américains qui ont le double inconvénient d'être libellés dans une monnaie faible et de rapporter peu.

Aujourd'hui, la hausse des réserves chinoises conduit de plus en plus les dirigeants du pays à diversifier leurs investissements : les achats par les Chinois de sociétés étrangères ont déjà progressé de 25 % en 2012 avec près de 70 milliards de $ d'investissements non financiers, dans un marché mondial des fusions acquisitions qui stagnait ou reculait. Il ont ainsi racheté cette année-là le pétrolier canadien Nexen, pour 15 milliards de dollars et ILFC, le numéro 2 mondial de la location d'avions, pour près de 4 milliards de dollars à l'assureur américain AIG. 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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