Les Swaps de devises

Aujourd'hui, toutes les banques, la quasi-totalité des entreprises internationales et des investisseurs institutionnels utilisent cette technique. Celle-ci est similaire, pour l'essentiel, à celle utilisée pour les swaps d'actions et de taux d'intérêt, mais comporte cependant quelques spécificités qui la rendent nettement plus complexe.

Un swap de devises est l'échange entre deux parties d'un notionnel (montant théorique auquel s'applique un différentiel de taux) afin qu'une d'entre elles s'expose à une devise donnée. Cet échange s'accompagne de versements de cash-flow dans la devise visée. Voyons en détail comme cela fonctionne...

Tout est affaire de confiance

Imaginons, par exemple, qu'un groupe turc (on l'appellera "A") veuille s'étendre au Mexique. Dans le même temps, un groupe mexicain (on l'appellera "B") veut s'implanter en Turquie. On imagine tout de suite la complexité, pour ces groupes d'obtenir des prêts des banques locales pour financer ces implantations. Les groupes turc et mexicain ne parviennent d'ailleurs à obtenir que des prêts à 9 et 11% pour ces opérations. En s'adressant à leurs banques nationales (turques pour A et mexicaines pour B), elles savent cependant qu'elles peuvent obtenir des taux de 4 et 5%. Cet écart s'explique par la bonne connaissance qu'on les banques locales de la solidité et du sérieux de leur client, et de la masse d'autres opérations qu'elles ont avec ces groupes clients.

La suite est logique : le groupe A va emprunter sur son marché national, auprès de sa banque habituelle, à 4% et le groupe B va faire de même à 5%. Comme les deux groupes ont besoin de la même somme et que le taux de change entre les deux monnaies (Peso/livre) est de 6,6401/1, le groupe turc emprunte 100 millions de livres et le groupe Mexicain 66,4 millions de pesos. Ce sont les bases sur lesquelles se fait ensuite l'échange, qui n'est pas physique, mais "notionnel". Le groupe A (turc) détient maintenant des fonds en Pesos, et le groupe B (Mexicain) des fonds en Livres turques. Mais comme les emprunts réclament le versement d'intérêts dans leur devise, le groupe Turc, qui a des montant en pesos, doit verser des intérêts sur son emprunt en Livre turque et le groupe mexicain, qui a des Livres, doit verser des intérêts en pesos.

Une économie de 50%

Ce paiement est pris en charge par l'autre partie et les deux groupes y trouvent un avantage évident : ils ont pu emprunter à 4 et 5% au lieu de 9 et 10%, réduisant ainsi de moitié, au moins, le coût de cette opération. Dans la réalité, ce type d'opérations se fait souvent par le biais d'un intermédiaire, une dealer, qui organise l'échange (le swap), et prend au passage une commission. Celle-ci n'est pas importante : de l'ordre de 10 points de base. On le voit, même augmenté de la commission de l'intermédiaire, le deal reste nettement plus intéressant que l'emprunt directement sur place dans la devise du pays.

A la fin de l'opération, le notionnel devient réalité. Les deux groupes clôturent l'opération en échangeant les sommes réelles mises en jeu. Cela fait évidemment intervenir les taux de change, car il a pu se passer quelques mois, voire quelques années entre le début et la fin de cette opération, et donne lieu à des échanges dont le montant peu varier.

Les grands groupes utilisent surtout les Swaps de devises pour éviter de payer trop cher leurs emprunts en devises étrangères. Elles peuvent aussi servir de garantie devant un risque de taux de change. C'est souvent ainsi que les investisseurs institutionnels les utilisent…

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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