Bourse : Gérer seul ou déléguer ?

Selon la banque Barclays, les 10% de Français qui disposent des revenus les plus élevés sont plutôt enclins, pour quatre sur dix d'entre eux, à gérer eux-mêmes leur épargne.

En tête de leurs placements préférés viennent l'assurance vie (à 70%), le PEA (à 66%), les Sicav et FCP (à 51%) et les actions ou obligations en direct (à 47%). Les autres, soit six Français aisés sur dix, disent se faire conseiller ou délèguent entièrement la gestion de leur épargne. Pour les Français moins aisés, c'est encore pire : ils sont plus de 80% à déléguer la gestion de leur épargne.

Gérer seul est gratuit

Pourtant, gérer soi-même apporte de réelles satisfactions, une meilleure performance et aussi de substantielles économies. Cela permet aussi d'être en prise directe avec l'économie et les entreprises, d'être à l'écoute des grandes évolutions de la consommation et de la production : les ermites ne font pas de bons gestionnaires...

On pourrait se dire qu'il n'est pas nécessaire aujourd'hui, de gérer soi-même son portefeuille, alors qu'il existe des spécialistes pour cela, qui peuvent prendre sa gestion en main à travers un mandat de gestion.

Certains pensent aussi qu'il est possible de déléguer encore plus efficacement, et à moindre coût, en souscrivant des Sicav actions. C'est sans doute vrai... sur le papier. Le problème c'est que pour disposer d'un gestionnaire aguerri auquel confier son mandat de gestion, il faut pouvoir frapper à la porte d'une banque privée. Et donc disposer d'un capital rondelet : chez la plupart, le ticket d'entrée est placé entre 300 000 euros et un million d'euros !

Déléguer n'est pas gagner

La gestion collective, à travers un portefeuille de sicav semble être la solution alternative idéale. Pourtant, déléguer la gestion de son capital, ce n'est pas gagner à tous les coups ! Le premier problème, c'est qu'il est très difficile de se constituer un portefeuille efficace d'OPCVM (Organismes de placement collectifs en valeurs mobilières, autrement dit FCP et Sicav). D'abord parce qu'il y en a beaucoup : rien qu'en Europe, leur nombre dépasse celui des actions cotées !

Ensuite, et c'est le second problème, parce qu'il est aussi complexe de choisir ses Sicav que de dénicher les actions qui vont sur-performer le marché ! En effet, les performances des Sicav actions sont, dans l'ensemble, moyennes. C'est étonnant puisque la grande majorité d'entre elles sont gérées activement, c'est à dire que leur gestionnaire s'efforce de battre le marché ou un indice de référence de son choix.

On pourrait s'attendre à ce que ces surdiplomés, formés aux meilleures écoles et payés des centaines de milliers d'euros battent sans difficulté de banals ordinateurs qui se contentent de suivre l'indice. Et bien, pas du tout ! Des études répétées, certaines très récentes, ont montré que deux-tiers des gestionnaires ne parviennent pas à battre l'indice sur une période de 5 ans. Et plus la période de référence est longue, moins bonne est leur performance : sur une période de plus de dix ans, elles deviennent carrément catastrophiques. Seuls 5% d'entre eux font mieux que le marché...

 

Récemment, un des plus grands groupes de gestion d'actif, JPMorgan, a étudié la performance de 2806 gestionnaires dans le marché de 2011, marqué par une extrême volatilité. Sa conclusion est sans appel : 47% d'entre eux ont fait moins bien que leur indice d'au moins 2,5 points. C'est le plus mauvais score atteint par des gestionnaires d'actifs, depuis 1998. Cette année-là, 55% des gestionnaires avaient fait moins bien.

Quant à ceux qui ont surperformé, ils n'affichent pas des gains hallucinants : 13% seulement des fonds ont battu leur indice de plus de 2,5 points cette année-là. « En fait, que ce soit dans des périodes de volatilité forte ou faible, de hausse ou de baisse, les gestionnaires collectifs font moins bien que le marché ! » conclut Dan Solin, Vice-président de Index Funds Advisors, et auteur de plusieurs livres sur le sujet, dont The Smartest Portfolio You'll Ever Own, sorti en septembre 2011...

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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