TSDI : Pour prendre perpet' et investissement

Non, ce n'est pas une condamnation à perpétuité. Au contraire, il s'agit de toucher une rente quasi éternelle. Les TSDI sont en fait des obligations qui sont les dignes successeurs de la « rente perpétuelle » lancée par François 1er en 1535.

Mais comme l'expression « rente perpétuelle » sent un peu la naphtaline, les financiers l'ont remplacée par une autre expression, qui veut dire exactement la même chose : « durée indéterminée » (DI). Perpétuité, donc, même si les émetteurs se ménagent le droit de rembourser leur emprunt, généralement 2 ou 5 ans après l'émission.

Nous avons expliqué le DI de TSDI : il faut maintenant expliquer le TS. Un Titre subordonné est une obligation un peu spéciale. Son détenteur accepte d'être moins bien traité que les autres débiteurs en cas de faillite, puisqu'il sera payé après tous les autres : on dit alors que sa dette est « subordonnée » ou « junior ». En contrepartie, il s'assure d'un rendement nettement supérieur (de l'ordre de 1,5 à 2 points) à celui des porteurs d'obligations classiques.

Ce sont surtout les banques qui ont émis de ces TSDI. Car une disposition comptable - fort permissive, il faut le dire - les autorisait à considérer ces titres comme des quasi-fonds propres. Ce qui leur permettait de renforcer leur structure capitalistique sans ouvrir leur capital. Avec l'arrivée de Bale III, et déjà aujourd'hui, ces TSDI sont considérés, pour les banques, comme des titres hybrides qui ne font plus partie du noyau dur des fonds propres, le fameux Core Tier One, mais sont plutôt classés juste en-dessous, dans le Upper Tier Two.

Ces changements ont suscité un vaste mouvement de rachat de titres par les grandes banques. Pour eux, c'est tout bénéfice. En effet la crise à suscité une véritable fuite des épargnants devant les titres bancaires, et notamment les TSDI, qui sont cotés nettement en dessous (40 à 80% !) de leur montant d'émission et de remboursement.

Pour les banques, cela revient à acheter pour 40 ou 50 du papier qui est comptabilisé 100 dans ses comptes : le profit est immédiat et important. Les investisseurs particuliers, qui ont su se positionner sur ces titres peuvent aussi en tirer profit. Les rachats se font aussi à un cours supérieur au cours courant (on appelle cela une prime). Il faut qu'elle soit suffisante pour motiver les vendeurs : BNP Paribas et HSBC, qui ont assorti leur offre d'une prime insuffisante, n'ont pas réussi à susciter des apports de titres suffisants.

Les particuliers qui ont réussi à entrer sur ces titres, parfois difficiles à trouver, peuvent réaliser ainsi de rapides plus-values. OU les conserver en espérant une hausse des cours ou un remboursement, forcément « au pair » de ces obligations...

Si les TSDI sont si difficiles à trouver, c'est qu'ils sont rares à Paris, alors qu'ils sont nettement plus nombreux à Amsterdam, « LA » grande place européenne des TSDI. Exemple avec un titre très intéressant : XS0207764712. Il s'agit d'une obligation émise par la Banque fédérale du Crédit Mutuel. Son rendement est variable et dépend du taux à 10 ans (Référence : CMS 10 ans) auquel s'ajoute une prime de 0,1 point (10 bp). Cette perpétuelle offre à BFCM une fenêtre de rachat fin décembre 2014. Elle est comptabilisée dans le Tier One « Sub » (et donc pas le Core Tier One, le noyau dur des fonds propres) et pourrait faire l'objet d'un rachat. Pour un nominal de 1000 euros, elle cotait fin 2011 seulement 34% de ce « pair ». Avec un cours aussi décoté, son rendement réel est formidable : pour un CMS 10 ans de 2,65%, son taux est donc de 2,75% pour 1000 euros. Comme elle ne vaut que 340 euros, cela revient à un rendement de plus de 8% !

Lien pour connaitre le taux des CMS (mise à jour hebdomadaire)

http://www.dexia.be/Fr/Particulier/SparenBeleggenEpargnerInvestir/financialnews/SBPublications/Weekly/index.htm

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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