L'or, l'arme anti-devises ?

Le monde est au coeur d'une bataille. Une bataille gigantesque, qui oppose les pays et les gouvernements. Chacun, face aux difficultés économiques, réagit de la même manière en appliquant des recettes qui ont fait, autrefois, leurs preuves et qui les conduisent à tenter de torpiller l'économie des autres pour sauver la leur.

Ces mesures seront-elles aussi efficaces, cette fois-ci ? Rien n'est moins sur. Il n'empêche : les pays, face à la montée du chômage et au risque d'une explosion sociale, ont pris deux décisions décisives.

La première, c'est de faire tourner leur "planche à billet", autrement dit d'imprimer plus de monnaies que de richesses créées, pour financer leur déficit. Cette création monétaire augmente le nombre de billets en circulation et a deux conséquences : accélérer la vitesse de circulation de la monnaie, dans le but de relancer la croissance, mais aussi pousser artificiellement les prix à la hausse, puisqu'en face du même nombre de biens, il y a désormais davantage d'argent disponible pour les acheter. Cette création monétaire est énorme : depuis le début de la crise, en 2008, les banques centrales des grands pays développés ont créé plus de 6000 milliards de dollars de nouvelle monnaie.

Cette augmentation de la masse monétaire a un autre effet, qui va beaucoup intéresser les investisseurs présents sur le Forex : elle va faire baisser la valeur de la devise, comparativement à celle des pays qui n'ont pas multiplié leur masse monétaire dans les mêmes proportions. Au risque de bouleverser les hiérarchies et les évolutions normales des monnaies entre elles.

On l'a vu récemment, début 2013, lorsque le premier ministre du Japon a annoncé, en accord avec la banque du Japon, qu'il allait relancer son économie en injectant massivement de la liquidité dans son système monétaire sous forme de plans de relance équivalant à 136 milliards de dollars. C'est une mesure "d'assouplissement monétaire" (comme disent les commentateurs qui ne veulent pas dire "fuite en avant") d'une ampleur sans précédent pour le pays. Elle s'accorde parfaitement avec la petite phrase de Bern Bernanke, fin 2012, sur la politique de la réserve fédérale : “examinés avec soin, les risques liés aux mesures de politique monétaire non traditionnelles semblent maîtrisables, ce qui implique que nous ne devrions pas exclure d'y recourir davantage si la conjoncture économique l'impose“.

Quel rapport avec l'or, direz-vous ?

Il est simple : l'or est, historiquement, la première monnaie du monde. Et ce sera la dernière. Les banques centrales, qui détiennent officiellement 31 000 tonnes d'or dans leurs réserves, ont compris que la création monétaire est une création artificielle de valeur, et donc une arme de destruction massive de la valeur des monnaies. C'est pour cela qu'elles ont commencé depuis quelques années à amasser davantage de métal jaune. Parce qu'elles ne font plus confiance à la monnaie des autres pays qui constituait l'essentiel de leur réserves depuis l'abandon officiel en 1971, de l'étalon-or...

Comme le titrait, fin 2012, le magazine économique Newsweek, "l'or est en train de passer du statut d'investissement au statut de monnaie”. Les exemples se multiplient. L'état d'Utah, en plein milieu des USA, a reconnu l'or comme vraie monnaie de paiement, la banque JP Morgan et le Chicago Mercantile Exchange (CME), aussi. Cela semble anecdotique, mais cela symbolise un vrai changement de statut.

Plus sérieusement, les dernières moutures des règles nées des accords de Bâle III (accord général pour sauver le système financier en 2008, pendant la crise des subprimes) a renforcé le rôle de l'or comme actif de réserve. Il est désormais considéré comme un actif "Core Tier One", au même titre que le cash et les obligations d'état notées triple A. Jusqu'alors, si une banque voulait en avoir dans ses fonds propres, elle était contrainte de décoter sa valeur de 50%.

Cela explique peut-être pourquoi l'Allemagne veut rapatrier ses réserves en or détenues dans d'autres pays. Et pourquoi aussi la Chine est aussi gourmande de métal jaune. Selon le cabinet GFMS/Thomson Reuters, elle aurait acheté en 2011 plus de 22 millions d'onces d'or et aurait continué à le faire en 2012

L'or a sur les monnaies un avantage énorme : sa valeur est intrinsèque. Il n'est pas la contrepartie d'une richesse (ou désormais, pour les pays développés, d'une dette!). Il est normal, donc que sa valeur augmente au fur et à mesure que la dette des états est financée par la mise en circulation d'un nombre croissant de billets... L'or est donc en tain de devenir, avec la montée de la peur d'une déroute monétaire, une anti-devise. Ou la première des devises ! 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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