Faut-il abandonner le marché boursier ?

D'un point de vue théorique, une action représente un droit de propriété sur la société qui les a émises. Dans la pratique, les actions sont des titres qui sont échangés sur les marchés financiers : à ce titre, elles symbolisent surtout pour leurs copropriétaires (les actionnaires) un espoir de plus-value et un droit à percevoir un dividende.

Plus-value et dividende ne sont ni constants, ni garantis, c'est ce qui fait l'intérêt de l'action par rapport à l'obligation, qui garantit le versement d'un coupon pendant un temps défini. Les actionnaires tablent en effet sur l'augmentation de l'un ou de l'autre, voire des deux.

Pourtant, l'action a le blues : depuis les années 70, les marchés financiers n'ont jamais connus un tel bouleversement. Le monde a connu en quarante ans bon nombre de crises : chocs pétroliers de 1973 et 1979, krach boursier de 1987, crise immobilière des années 1990, explosions des bulles immobilières (1990) et Internet (2000)... Mais depuis le krach de 2008, rien ne va plus comme avant. En octobre 2008, les marchés boursiers ont en effet enregistré une chute d'une telle ampleur qu'elle peut être comparée au krach de 1929.

Ils amènent de plus en plus de chercheurs et de gestionnaires de fonds à s'interroger sur la place, aujourd'hui, des actions.

En réalité, les trois moteurs de la hausse des marchés d'actions entre 1981 et 2007 (les indices mondiaux ont été multipliés par 14 pendant cette période) se sont éteints.

Après deux krachs successifs, les actionnaires exigent en effet des primes de risque (écart nécessaire entre le rendement -non garanti- d'une action et celui -garanti- d'une obligation) bien plus élevée qu'avant : comme le bénéfice ne change pas beaucoup, c'est donc le cours qui doit s'ajuster. Cela explique la chute brutale -et sans doute définitive- des PER.

Car il n'y a rien à attendre du coté des bénéfices. Les marges ne peuvent plus augmenter de 150% comme elles l'ont fait sur l'Euroxtoxx 600 de 1980 à 2007, car elles ne sont plus boostées par la croissance de la mondialisation.

Les couts de production, boostés par les besoins de financement des états (à travers l'impôt) vont monter. Sans compter les taux, qui peuvent difficilement tomber plus bas... La croissance de la consommation, moteur essentiel des économies occidentales depuis vingt ans, ne pourra pas, non plus, vernir à la rescousse de l'économie, pour cause de surendettement public

Faut-il pour autant abandonner le marché boursier ? Surement pas : d'abord parce qu'il existe des instruments financiers qui permettent de se couvrir, et même de profiter d'un marché baissier. Mais aussi parce qu'il existe, à l'intérieur même des actions, des poches de prospérité, des marchés plus prospères que d'autres.

C'est le cas des groupes générant des cash-flow importants, comme Pernod-Ricard, ou des secteurs en croissance, comme celui des maisons de retraite... Et puis, il faut se dire que cet ajustement, qui pour le moment se fait dans la douleur, devrait conduire à un nouvel équilibre, plus proche de celui qui prévalait non pas au cours des dix ou vingt ans précédents, mais sur cinquante ou cent ans.

Pour y réfléchir ensemble, voici un graphique sur très longue période de Jacques Friggit, un chercheur spécialisé dans l'immobilier :

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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